Tatami is a traditional Japanese floor covering. It is made up of several layers of rice straw, laid one on top of the other, criss-crossed and compressed. Covered with a woven straw mat, it offers flexibility when you sit or lie on it. However, it is customary to place a cushion or futon on top for added comfort.

Le tatami est un revêtement de sol traditionnel japonais. Il est constitué de plusieurs couches de pailles de riz superposées, entrecroisées et compressées. Recouverte d’une natte de paille tissée, il offre une souplesse lorsque l’on s’y assoit ou que l’on s’y couche. Néanmoins, il est d’usage de poser un coussin ou un futon pour davantage de confort.&nbsp;

Tatami has existed since the Heian era, but it was thinner and more mobile. It was placed on the clay floor or on wooden parquet for the more affluent. It also took the form of a pillow. It was only later that it became a fixed element.

Le tatami existe depuis l’ère Heian mais il était plus fin et mobile. On l’installait sur le sol en terre battue ou sur du parquet de bois chez les plus aisés. Il se déclinait également sous forme d’oreiller. Ce n’est que plus tard qu’il devient un élément fixe.

The dimensions vary from region to region. Nevertheless, the surface area of a tatami, always rectangular in shape, varies between 1.5m2 and 1.9m2. The tatami is still so widespread today that it is used as a unit of measurement for surface areas. Japanese property advertisements always mention surface areas in jyó, the sound reading of the tatami kanji. For this reason, a standard has been created to achieve consensus and avoid confusion in terms of surface area.

Selon les régions, les dimensions diffèrent sensiblement. La surface d’un tatami, toujours de forme rectangulaire, oscille entre 1,5 m2 et 1,9m2. Le tatami est si ancré dans l’esprit des Japonais encore aujourd’hui qu’il sert d’unité de mesure pour des surfaces. Les annonces immobilières mentionnent toujours les superficies en jó, soit la lecture sonore du kanji «&nbsp;tatami&nbsp;». Pour cela, un standard a été créé pour faire consensus et éviter les confusions concernant le calcul des surfaces.&nbsp;

The layout of the tatami mats varies for certain events. It is customary to change them at funeral wakes or ceremonies to mark variations in the spiritual environment. For example, tatami mats at banquets will not be in the same positions as at the events mentioned above. In all cases, it is absolutely forbidden to walk on them with shoes on.

Les tatamis sont certes fixes mais ils peuvent être déplacés lors d’occasions particulières. Il est d’usage d’en changer l’agencement lors de veillées mortuaires ou de cérémonies funéraires pour marquer les variations d’environnement spirituel. Ainsi, les tatamis lors de banquets n’auront pas les mêmes positions que lors d’évènements cités plus haut. Dans tous les cas, il est absolument prohibé de&nbsp;marcher dessus avec des chaussures aux pieds.&nbsp;

Today, although tatami is less widespread since the development of flat living, it is still familiar to the Japanese. Traditional rooms have been fitted out in some flats, it is still present in private homes, Japanese cuisine restaurants very often have tatami-covered rooms, as do temples and inns. In recent decades, it has even evolved, with coloured tatami or tatami with a more varied&nbsp;

Aujourd’hui, si le tatami est moins répandu depuis le développement des habitations en appartement, il demeure néanmoins familier des Japonais. Des pièces traditionnelles sont aménagés dans certains appartements, il est toujours présent dans les maisons individuelles, les restaurants de cuisine japonaise disposent très souvent de salles avec un revêtement de tatami, de même que les temples et les auberges. Il a même évolué ces dernières décennies avec des tatamis de couleur ou avec un tissage plus varié.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Among contemporary craftsmen, Kenzie Yamada uses his know-how to create an art form in its own right. He creates real tatami paintings, with pieces cut out in the form of motifs that make up a final design. To do this, he weaves rice straws into sections of tatami, then cuts them into particular shapes. Finally, he assembles them to create an illustrated floor. He plays with the direction of the mats to play with the reflection of the light, giving volume to the whole and an impression of movement. The drawing seems to come alive. The artist gives free rein to her imagination and uses her technique to sketch and bring the floor to life. A modern approach to a material that can be used to create an artistic setting in a domestic space, or more often in a place of meditation such as a temple.

Parmi les artisans contemporains, Kenzie Yamada met à profit son savoir-faire pour un art à part entière. Il crée de véritables tableaux de tatami, avec des morceaux découpés en forme de motifs composant un dessin final. Pour cela, il réalise des pans de tatami grâce au tissage des pailles de riz puis les découpe en forme particulière. Enfin, il les assemble pour donner naissance à un sol illustré. Il joue avec le sens des nattes pour jouer avec le reflet de la lumière, ce qui a pour effet de donner du volume à l’ensemble et une impression de mouvement. Le dessin semble prendre vie. L’artiste donne libre court à son imagination et use de sa technique pour esquisser et donner vie au plancher. Une approche moderne d’un matériau au service d’une mise en scène artistique au sein d’un espace domestique, et plus souvent, dans un lieu de méditation comme au temple.&nbsp;

Les arts, les rites et les mots du quotidien...

芸術、儀式、言葉

Tatami, l'art du sol

In Japan, as in France, many couples are formed through dating sites, and this phenomenon is now a matter of course. Alongside the workplace and the network of friends, these digital interfaces occupy the podium of the first opportunities to land a tête-à-tête with love potential. However, there is one thing that seems to be specific to Japan. It is not unrelated to the traditional practice of matchmaking. How do the Japanese go about finding a soul mate? This is today's investigation.

Au Japon comme en France, beaucoup de couples se forment à travers les sites de rencontres et ce phénomène est aujourd’hui assumé. Avec le lieu de travail et le réseau d’amis, ces interfaces numériques occupent le podium des premières occasions pour décrocher un tête-à-tête au potentiel amoureux. Néanmoins, une spécificité japonaise semble émerger. Elle n’est pas sans lien avec la pratique traditionnelle des entremises. Comment est-ce que les Japonais partent à la rencontre d’une âme sœur&nbsp;? C’est l’enquête du jour.

When you're single and looking to invest in a lasting relationship, the inevitable yet most problematic step is the opportunity to meet someone. After scouring the workplace, the network of friends, parties, bars or creative workshops, the last hope lies in the institutionalised singles market. There are several of these, in various forms. Apps, websites and marriage agencies. At the same time, there are more informal systems. These are called gô-kon. Their sole aim is to bring young people together. The aim is above all to get to know each other, and more if they have a special affinity. Organisers bring friends, pals or colleagues, and the number of participants is predefined so that there are as many boys as girls. The atmosphere is convivial in the restaurant or tapas bar. The practice is now so commonplace that service providers have created a veritable marketplace of love-seeking singles. All you have to do is sign up and everything is in place, without the hassle of planning bookings or getting members together.

Quand on est célibataire et que l’on cherche à s’investir dans une relation durable, l’étape incontournable et pourtant la plus problématique est l’occasion de rencontrer quelqu’un. Après avoir écumé le lieu de travail, le réseau amical, les fêtes, les bars ou les ateliers de création, le dernier espoir se situe dans le marché institutionnalisé des célibataires. Il en existe plusieurs, de formes diverses. Des applications, des sites Internet ou encore des agences matrimoniales. En parallèle, il existe des systèmes plus informels. Ce sont les gô-kon. Son unique objectif est la rencontre entre jeunes. Le but recherché est avant tout de faire connaissance, et plus si&nbsp;affinités. Les organisateurs viennent avec des amis, camarades ou collègues, dont le nombre est prédéfini afin qu’il y ait autant de garçons que de filles. L’ambiance est conviviale au restaurant ou au bar. La pratique est aujourd’hui si courante que des prestataires de service ont créé un véritable marché de célibataires en mal d’amour. Il suffit de s’inscrire et tout se met en place, sans se donner la peine de planifier les réservations et de réunir les membres.&nbsp;

These arranged encounters are the modern version of the miai. They date back to the 17th century and were reserved for the nobility and families of military lineage. The aim was to seal alliances in the interests of the families, in order to gain economic and political advantages. This custom is, after all, universal, particularly in the upper echelons of society, where marital unions are an issue on which the stature of the families concerned depends. It is perhaps less so in contemporary times, where love marriages have gained ground in so-called 'modern' countries. In Japan, arranged marriages have also been growing among the working classes since the nineteenth century, accounting for seventy per cent of marriages at the beginning of the previous century.&nbsp;Nowadays, miai (which literally means "to look at each other") are at the origin of less than one in ten weddings, but they are just as codified as they used to be. First of all, a booklet containing a photo and a brief introduction is drawn up. An intermediary, paid or unpaid, searches his or her entourage for a suitable candidate. If there is no such person, the booklet is produced with their agreement and offered to the requesting family. If both parties are interested, a meeting is arranged. The parents may be present, but not necessarily. If the potential couple find that they are a good match, they begin dating, wondering whether their compatibility can be pursued through an official union. This is how a relationship can begin, with marriage as its ultimate goal. There is even an expression dedicated to this and used when two lovers, even if they know each other in ways other than miai, wish to start a lasting relationship. Marriage is a real concern for the Japanese, for whom it is an inescapable institution for every individual. Women must marry before they are twenty-five, men before they are thirty, otherwise they could suffer a reputation for being irresponsible. This mentality is still so entrenched today that there is a neologism, kon-katsu, literally "activity to get married".

Ces rencontres arrangées sont la version moderne des miai. Leur origine remonte au XVIIème siècle et elles étaient réservées à la noblesse et aux familles de lignée militaire. Il s’agissait de sceller des alliances dans l’intérêt des familles, dans le but d’acquérir des avantages économiques et politiques. Cette coutume est somme toute universelle, particulièrement dans les hautes sphères de la société où les unions maritales constituent un enjeu dont dépend la stature des familles concernées. Elles le sont peut-être moins lorsqu’il s’agit de l’époque contemporaine où le mariage d’amour a largement gagné du terrain dans les pays dits&nbsp;«&nbsp;modernes&nbsp;». Au Japon, les mariages arrangés se développent également dans les catégories populaires depuis le XIXème siècle et concernent soixante-dix pour cent des mariages au début du siècle précédent. Si aujourd’hui les miai (que l’on peut traduire littéralement par «&nbsp;se regarder&nbsp;») sont à l’origine de moins d’un mariage sur dix, ils sont tout autant codifiés qu’autrefois. Tout d’abord, un carnet dans lequel figurent une photo et une présentation rapide est réalisée. Un intermédiaire, rémunéré ou non, recherche parmi son entourage un candidat ou une candidate qui pourrait correspondre. S’il n’existe pas, le carnet de ce dernier ou de cette dernière est réalisé avec son accord et proposé à la famille demandeuse. Si les deux personnes concernées sont intéressées, une rencontre est organisée. Les parents peuvent être présents mais pas nécessairement. Si le couple potentiel se trouve des affinités, il commence à se fréquenter en se demandant si leur compatibilité peut être poursuivie par une union officielle. Ainsi peut démarrer une relation ayant pour finalité le mariage. Une expression y est même consacrée et prononcée lorsque deux amoureux, quand bien même connus autrement que par le miai, souhaitent démarrer une relation durable. On constate à ce stade que le mariage est une réelle préoccupation des Japonais, pour qui cette institution est incontournable pour chaque individu. Les femmes doivent se marier avant leurs vingt-cinq ans, les hommes avant les trente ans, faute de quoi ils pourraient pâtir d’une réputation d’irresponsables. Cette mentalité est si ancrée encore aujourd’hui qu’il existe un néologisme, le kon-katsu, littéralement «&nbsp;activité pour se marier&nbsp;».&nbsp;

Being actively on the lookout for a fiancée or fiancée could be a social network 'status'. Gô-kon, the modern version of arranged meetings without the intervention of a matchmaker, have become so common that today they are a breeding ground for furtive or friendly relationships. To reinforce the commitment dimension, matrimonial agencies have multiplied and modernised with the decline of intermediaries. You need to provide information about your age, occupation, annual income, hobbies and wishes regarding the candidate. After searching, the agency will propose different profiles. Registration, search, organisation of the meeting, intermediaries for possible exchanges, happy or unhappy outcome, everything is priced. For something a little more natural, but with the desire to achieve a more lasting relationship than that which might emerge from a gô-kon, it is possible to use the services of group dating organisers. Various settings and options are available. Depending on your age, your hobbies, the environment in which you want to meet and where you live, you can find a genuine repertoire that will enable you to take part in a tailor-made event. Just search, register and go to the venue. Everything is organised to make sure you look your best. It's up to us!

Être à la recherche active d’un ou d’une fiancée, tel pourrait être un «&nbsp;statut&nbsp;» de réseau social. Les gô-kon, version moderne des rencontres arrangés sans l’intervention d’un entremetteur, sont devenus si courants qu’aujourd’hui ils constituent un vivier pour des relations furtives ou amicales. Pour renforcer la dimension de l’engagement, des agences matrimoniales se sont multipliées et modernisés avec le déclin des intermédiaires. Il faut renseigner son âge, son métier, son revenu annuel, ses hobbies, et ses souhaits concernant le candidat. L’agence, après recherches, proposent différents profils. Inscription, recherche, organisation de la rencontre, intermédiaires pour d’éventuels échanges, issu heureuse ou malheureuse donnant lieu à la clôture du compte ou à un renouvellement d’adhésion, tout est tarifé. Pour un peu plus de naturel mais avec le souhait d’aboutir à une relation plus durable que ce qui peut ressortir d’un gô-kon, il est possible de faire appel à des organisateurs de rencontres de groupe, les matchi-kon. Divers cadres et différentes options sont proposés. En fonction de l’âge, des loisirs, de l’environnement de la rencontre, du lieu d’habitation, il est possible de trouver un véritable répertoire grâce auquel il est possible de participer à un événement taillé sur mesure. On cherche, on s’inscrit et on se rend au lieu de rencontre. Tout est organisé pour qu’on se montre sous notre meilleur jour. A nous de jouer&nbsp;!

The magic of the encounter may no longer be there, but the fact remains that the first contact can be found on every street corner, and today, on every page of a search engine. While the first and famous step is certainly artificial, once it has been taken, there is nothing anyone can do except decide whether or not to go on a journey together. This commitment is universal.

Si la magie de la rencontre n’est plus tout à fait au rendez-vous, il n’en demeure pas moins que le premier contact se trouve à chaque coin de rue, et aujourd’hui, à chaque page d’un moteur de recherche. Si la première et fameuse étape est certes artificielle, une fois franchie, personne ne peut plus rien faire à part les protagonistes qui décideront, ou non, de faire un bout de chemin ensemble. Cet engagement, lui, est universel.

Meeting soulmate in Japan

Les rencontres amoureuses au Japon

Are you familiar with kôji? If you're a fan of healthy cooking, it's time you found out more about this culinary ingredient that's coming back into fashion in Japan. It has long been an important part of the Japanese diet. In condiments such as soy sauce or miso, and in sake, kôji plays an essential role in their manufacture. Today, rather than resorting to industrial sauces full of preservatives and flavour enhancers, many Japanese households have introduced kôji into their homemade seasonings. But what exactly is kôji?

Connaissez-vous le kôji&nbsp;? Si vous êtes adepte de la cuisine saine, il est temps que vous soyez informé de cet ingrédient culinaire qui revient à la mode au Japon. Depuis longtemps, il a une place importante dans l’alimentation japonaise. Dans les condiments, tels que la sauce soja ou le miso, et dans le saké, le kôji a une place incontournable dans leur fabrication. Aujourd’hui, plutôt que d’avoir recours aux sauces industrielles pleines de conservateurs et d’exhausteurs de goût, beaucoup de foyers japonais l’ont introduit dans la confection des assaisonnements faits maison. Mais au fait, qu’est-ce que le kôji&nbsp;?

Kôji is a fermented cereal produced by a fungus called kôji-kin. This fungus transforms rice starch into sugar and protein into amino acids, which is why kôji always has a sweet note and a rounded flavour that gives a depth of flavour, the famous "umami", to the food it accompanies. Unlike many fermented products, such as cheese or alcohol, kôji has no unpleasant smell or taste.&nbsp; There are three types of kôji: rice kôji, the most commonly used, barley kôji and soy kôji. They are used in most Japanese seasonings and spirits. By adding them to rice, glutinous rice, soya beans or barley, it is possible to create a wide variety of food products. Rice kôji can be used to make sake, vinegar, mirin and pickled vegetables; barley kôji can be used to make miso and shôchû (which can also be made with the other two); and soy kôji can be used to make a wide variety of soy sauces. Apart from the raw material, only water and salt are added to the ingredients. All these products are obtained both by human hands and through the cooperation of the three major families of fermentation agents: moulds, bacteria and yeasts. The latter are micro-organisms that act on organic substances to produce organic compounds. This is called fermentation.

Le kôji est une céréale fermentée réalisée grâce à l’intervention d’un champignon appelé kôji-kin. Ce dernier transforme l’amidon du riz en sucre et la protéine en acide aminé, c’est pourquoi le kôji&nbsp;a toujours une note sucrée et une sapidité ronde qui donne une profondeur gustative, le fameux «&nbsp;umami&nbsp;», à l’aliment qu’il accompagne. Contrairement à nombre de produits fermentés, tels que le fromage ou l’alcool, sa caractéristique est l’absence d’odeur ou de goût désagréable. Il y a trois sortes de kôji&nbsp;: celui du riz, le plus utilisé, celui de l’orge et de soja. Ils sont utilisés dans la plupart des assaisonnements et des alcools japonais. En les introduisant dans du riz, du riz gluant, des graines de soja ou de l’orge, il est possible de créer une grande variété de produits alimentaires. Avec du kôji de riz, on peut faire du saké, du vinaigre, du mirin&nbsp;et des légumes marinés; avec du kôji d’orge, on fabrique du miso et du shôchû (que l’on peut fabriquer par ailleurs avec les deux autres), et enfin, avec du kôji&nbsp;de soja, on élabore une grande variété de sauce soja. En dehors de la matière première, seuls l’eau et le sel sont ajoutés dans la composition des ingrédients. Tous ces produits sont certes obtenus par l'intervention de l'homme mais l'essentiel est réalisé par la coopération des trois grandes familles d’agent de fermentation, à savoir les moisissures, les bactéries et les levures. Ces dernières sont des micro-organismes qui agissent sur des substances organiques pour produire des composés organiques. C’est la fermentation.&nbsp;

To make kôji, you need a raw material and kôji-kin, a fungus that belongs to the mould family and whose scientific name is Aspergillus. The fungus is brought into contact with the cereal to be fermented. It feeds on the starch, breaking it down and transforming it into sugar, which attracts yeast and lactic acid bacteria. The former produce alcohol and carbon dioxide, while the latter produce lactic acids that repel undesirable bacteria. This is how you get really good sake. The fermentation process can continue: the sake becomes vinegar when acetic bacteria are added.

Pour obtenir du kôji, il faut une matière première et du kôji-kin, un champignon qui appartient à la famille des moisissures et dont le nom scientifique est Aspergillus. Ce dernier est mis en contact avec une céréale que l’on cherche à fermenter. Il se nourrit de l’amidon et le décompose pour le transformer en sucre qui attire les levures et les bactéries lactiques. Les premières produisent de l’alcool et du gaz carbonique tandis que les secondes produisent des acides lactiques qui répulsent les bactéries indésirables. C’est ainsi qu’on obtient un très bon saké. Le processus de fermentation peut continuer encore&nbsp;: le saké devient du vinaigre lorsque des bactéries acétiques interviennent.

Such a sophisticated process is the result of a long history. Like many fermented foods, sake came into being thanks to the marvellous phenomenon of serendipity, and it was this alcoholic beverage that revealed the existence of the mould we are interested in, since it is the essential ingredient. The discovery of the unnamed Aspergillus is mentioned in an official text from the early Nara period (710-794). It mentions that rice given as an offering and which had begun to mould was brewed to produce sake. After harvesting, the rice was parboiled and offered to the gods in the hope of a bountiful harvest in the future. Living in a damp environment near the rice fields, it attracted the kôji spores that had appeared on the rice stalks and were flying through the air. Farmers would then enjoy the taste and euphoric effect of rice transformed into sake. Even today, sake is presented as an offering during Shinto rituals. More specifically, the first specialists appeared around the 10th century, when they began to cultivate kôji-kin. These craftsmen were known as kôji-za or moyashi-ya and had a job in their own right, growing tane-kôji, which were sprinkled over a cereal to activate the fermentation process. Several shops opened in Kyoto during the Muromachi era (1336-1573), but following a violent confrontation between these growers of tiny mushrooms and wealthy sake makers, the profession was banned and integrated into the brewing industry. In effect, the brewers integrated the know-how of their suppliers to rationalise their production. Today, only a dozen moyashi-ya exist in Japan, including one that is three hundred years old and another that survived the battle mentioned above. Even today, these moyashi-ya grow tane-kôji, true "domesticated mushrooms". In the past, parboiled rice was mixed with wood ash to create an alkaline environment favourable to the development of Aspergillus and repellent to its other congeners. Today, our knowledge has improved and our methods are less rudimentary. As a result, many species of Aspergillus are selected and developed using technology.

Une élaboration si sophistiquée est la conséquence d’une longue histoire. Comme beaucoup d’aliments fermentés, le saké est apparu grâce au merveilleux phénomène de sérendipité, et c’est bien cette boisson alcoolisée qui a révélé l’existence de la moisissure qui nous intéresse puisqu’elle en constitue l’ingrédient indispensable. La découverte de l’Aspergillus qui ne disait pas encore son nom est évoquée dans un texte officiel du début de l’époque Nara (710-794). On y mentionne que le riz donné en offrande et qui avait commencé à moisir était brassé pour produire du saké. Après la récolte, le riz était étuvé et offert aux dieux pour espérer de futures récoltes abondantes. Évoluant dans un milieu humide à proximité des rizières, il attirait les spores de kôji apparus sur les brins de riz et volant dans l’air. Après quoi, les cultivateurs auraient apprécié le goût et l’effet euphorique qu’apportait le riz transformé en saké. Aujourd’hui encore, le saké est présenté en offrande lors des rituels shintoïstes. Plus concrètement, les premiers spécialistes sont apparus autour du Xème siècle, lorsqu’ils commencèrent à cultiver les kôji-kin. Ces artisans sont appelés kôji-za ou moyashi-ya et occupaient un métier à part entière, celle de cultiver des tane-kôji que l’on saupoudre sur une céréale étuvée pour activer le processus de fermentation. Plusieurs boutiques ont vu le jour à Kyoto durant l’ère Muromachi (1336-1573) mais suite à un violent affrontement entre ces cultivateurs de tous petits champignons et de riches fabricants de saké, la profession a été bannie pour être intégrée dans celle de la brasserie. En effet, les brasseurs ont intégré le savoir-faire de leurs fournisseurs pour rationaliser leur production. Aujourd’hui, seule une dizaine de moyashi-ya existe au Japon, dont une qui est tricentenaire et une autre qui a survécu au combat cité plus haut. On peut noter une petite économie locale de véritables «&nbsp;champignons domestiqués&nbsp;». Techniquement, ces tane-kôji s’obtiennent à partir de riz étuvé mélangé à de la cendre de bois pour créer un environnement alcalin favorable au développement de l’Aspergillus et répulsif pour ses autres congénères. Ces dernières décennies, les connaissances ont été approfondies et les méthodes sont moins rudimentaires. Ainsi, de nombreuses espèces d’Aspergillus sont sélectionnées et développées grâce à la technologie.&nbsp;&nbsp;

After organic food, homemade food is on the up. Like many Japanese, wouldn't you like to try your hand at making a kôji-based seasoning? It couldn't be simpler: mix raw rice with freeze-dried kôji, which you can find in a Japanese grocery shop or on online retailers, salt and water. If you have a yoghurt maker that goes up to sixty degrees, you'll have your shio-kôji overnight. If not, leave to ferment for a week, stirring the mixture every day. You can add a flavouring of your choice and you'll be able to season or marinate your food in an original and tasty way. Exceptionally, I'm sharing some of my recipes with you. Don't worry: research has confirmed that kôji does not produce any toxins harmful to the human body.

Après l’alimentation biologique, le «&nbsp;fait-maison&nbsp;» a le vent en poupe. Comme de nombreux Japonais, ne voulez-vous pas vous initier à la fabrication d’un assaisonnement à base de kôji&nbsp;? Il n’y a rien de plus simple&nbsp;: mélanger du kôji lyophilisé que vous trouverez dans une épicerie japonaise ou sur des sites de commerce en ligne, du sel et de l’eau. Si vous avez une yaourtière qui monte jusqu’à soixante degrés, vous aurez votre shio-kôji en une nuit, sinon, vous laissez fermenter pendant une semaine en remuant le mélange tous les jours. Vous pouvez ajouter un aromate de votre choix et vous serez en mesure d’assaisonner ou mariner vos aliments de façon originale et savoureuse. Exceptionnellement, je vous partage quelques-unes de mes recettes. Ne vous inquiétez pas&nbsp;: des recherches ont confirmé que le kôji ne produit pas de toxine nocive pour le corps humain.&nbsp;

First of all, it's very important to sterilise your container before making your kôji. I recommend using household spirit sprayed on a clean cloth.&nbsp; The basic recipe is as follows: 100 grams of freeze-dried kôji, 165 ml of filtered water, 35 grams of salt. After fermentation, you'll have your own homemade shio-kôji. Add a few rosemary leaves and a clove of garlic and you've got rosemary kôji!&nbsp;&nbsp; Are you more sweet than savoury? Why not make yourself a drink that's refreshing in summer and energising in winter? In a bottle holding at least 350 ml, mix 80 grams of rice kôji with 220 ml of water filtered at 70 degrees (or 150 ml of boiling water and 70 ml of filtered water). Shake the bottle for ten seconds and leave to ferment at room temperature for seven hours, shaking again halfway through. You can drink this ama-zaké hot or cold, and it will keep for ten days in the fridge.

Tout d’abord, il est très important de stériliser votre contenant avant de réaliser votre recette au kôji. Je vous conseille d’utiliser de l’alcool ménager vaporisé sur un torchon propre. La recette de base est la suivante&nbsp;: 100 grammes de kôji lyophilisé, 165 ml d’eau filtrée, 35 grammes de sel. Après fermentation, vous obtiendrez votre shio-kôji maison. En ajoutant quelques feuilles de romarin et une gousse d’ail dans la mixture de base avant la fermentation, vous aurez du kôji au romarin&nbsp;! &nbsp;&nbsp; Vous êtes plutôt sucré que salé&nbsp;? Pourquoi ne pas vous concocter une boisson rafraîchissante l’été et énergisante l’hiver&nbsp;? Dans une bouteille d’une contenance d’au moins 350 ml, vous mélangez 80 grammes de kôji de riz et 220 ml d’eau filtrée à 70 degrés (ou 150 ml d’eau bouillante et 70 ml d’eau filtrée). Vous secouez la bouteille durant dix secondes et laissez fermenter à température ambiante pendant sept heures en ayant à nouveau secoué à mi-parcours. Vous pouvez boire cet ama-zaké chaud ou froid qui se conserve pendant dix jours au réfrigérateur. &nbsp;&nbsp;

The kôji also appears to be versatile. It is used in fields other than cooking. Let's go back to the chemical phenomenon first. When kôji-kin spores attach themselves to their host, they sporulate and spread mycelium, synthesising enzymes that break down the substrate: proteins are transformed into amino acids, starches become sugars and fats, fatty acids. Today, these enzymes are industrially isolated to produce consumer goods such as digestive medicines, detergents and soap. Researchers in the field of sustainable development are also interested in kôji-kin to decompose food waste, manure or wood from clearings and transform it into biofuel, as the organic matter obtained is a source of energy.

Par ailleurs, le kôji semble polyvalent. Il est utilisé dans d’autres domaines que la cuisine. Revenons d’abord au phénomène chimique. Lorsque les spores des kôji-kin se fixent sur son hôte, ils sporulent et répandent du mycélium en synthétisant des enzymes qui décomposent le substrat&nbsp;: les protéines sont transformées en acide aminé, les amidons deviennent des sucres et les graisses, des acides gras. Aujourd’hui, ces enzymes sont isolées industriellement pour produire des biens de consommation tels que des médicaments pour la digestion, des lessives ou du savon. Des chercheurs dans le domaine du développement durable s’intéressent également au kôji-kin pour décomposer des déchets alimentaires, le fumier ou le bois issu des coupes d’éclaircies pour les transformer en biocarburant car les matières organiques obtenues sont autant de sources d’énergie. &nbsp;&nbsp;&nbsp;

Le kôji révolutionne la cuisine familiale, et demain peut-être, le bio-carburant 

Nanbutekki cast-iron teapots are all the rage. Extremely hard-wearing, they can be passed down from generation to generation, since with careful use and simple but regular maintenance, they can have a lifespan of a hundred years. If they become too damaged, they can be melted down and recycled. In this way, their durability adds to their effectiveness. They retain heat well and add roundness to the texture of the water. Their well-groomed appearance adds an authentic touch to tea service. Let's take a closer look at the history of Nabutekki teapots and how they are made, to get a better understanding of their qualities.

Les théières Nanbutekki en fonte ont le vent en poupe. Ultra résistantes, elles peuvent se transmettre de génération en génération puisque moyennant une utilisation soignée et un entretien simple mais régulier, elles peuvent avoir une durée de vie de cent ans. Si elles sont trop abîmées, elles peuvent être fondues et recyclées. Leur durabilité s’ajoute ainsi à son efficacité. Elles conservent bien la chaleur et apportent une rondeur à la texture de l’eau. Leur apparence est soignée et apporte un cachet authentique au service du thé. Étudions de plus près son histoire et son mode de fabrication pour mieux comprendre les qualités des théières Nanbutekki.&nbsp;

In the second half of the Heian era, the founder of the Hiraizumi dynasty, which ruled northern Japan, brought foundrymen from Shiga. They followed their main client wherever he went on political business. They made weapons for him, as well as accessories such as meditation bowls for temples. After the death of their benefactor, the factories turned their attention to making everyday objects, such as kettles, teapots and racks, and settled permanently in the Iwate region, where iron filings were abundant and charcoal, clay and sand were of the highest quality. The foundry grew and its craftsmen gradually became a vital part of local life. During the Second World War, natural resources were devoted to the war effort and foundries were only allowed to produce military equipment, which drastically reduced the number of activities. After the war, aluminium gained ground and the use of iron declined. Nevertheless, the added value of iron for its slow, gentle firing and thermal performance once again attracted consumers, and the growing demand from tea masters gave Nanbutekki a new aura.

Dans la seconde moitié de l’ère Heian, le fondateur de la dynastie Hiraizumi qui règne sur le nord du Japon fait venir des fondeurs depuis Shiga. Ces derniers suivront leur principal client au gré de ses déplacements politiques. Ils lui fabriquaient des armes, mais également des accessoires, tels que des bols de méditation, pour les temples. Au décès de leur bienfaiteur, les manufactures se consacrent à la réalisation des objets du quotidien, tels que bouilloires, théières et crémaillères, et s’établissent définitivement dans la région d’Iwate, où la limaille de fer est abondante et le charbon de bois, ainsi que l’argile et le sable, d’une grande qualité. La fonderie se développe et ses artisans deviennent peu à peu une existence incontournable à la vie locale. Durant la seconde guerre mondiale, les ressources naturelles sont consacrées à l’effort de guerre et les fondeurs ne sont autorisés qu’à produire des équipements militaires, ce qui fait baisser drastiquement le nombre d’activité. Après la guerre, l’aluminium gagne du terrain et l’usage du fer recule. Néanmoins, la valeur ajoutée du fer pour son mode de cuisson lente et douce et pour sa performance thermique attire à nouveau les consommateurs et la demande croissante des maîtres du thé apporte une nouvelle aura au Nanbutekki.&nbsp;

The cast-iron teapots we're interested in here originally came from two distinct schools, although the manufacturing methods are very similar. Nanbutekki, which literally means "southern iron container", is now the equivalent of an appellation. It is the name of an association that brought together the two streams, which were located to the south of the seigneury from which they originated, in 1959.&nbsp;Today, 74 workshops employing 730 craftsmen generate annual sales of 400 million euros. Nanbutekki products were added to the list of traditional crafts in 1975.&nbsp; Today, the workshops are renewing their range. Among the items produced are kettles, saucepans, trivets, candlesticks, fuurin (bells), frying pans and croque-mr machines! Because cast iron is an alloy made up mainly of iron, objects made from it can be very sensitive to corrosion, especially if they are repeatedly in contact with water and air. The passivation of the irons obtained by firing at 900 degrees forms a membrane that resists the appearance of rust, and is a surface treatment that plays a major part in the success of Nanbutekki.

Les théières en fonte qui nous intéressent ici ont à l’origine deux écoles distinctes, bien que les méthodes de fabrication soient très similaires. Signifiant littéralement «&nbsp;contenant de fer de la partie Sud&nbsp;», Nanbutekki est aujourd’hui l’équivalent d’une appellation. Elle est le nom d’une association ayant réuni les deux courants, qui se situaient au sud de la seigneurie dont ils étaient issus, en 1959.&nbsp;L’activité est aujourd’hui assurée par 74 ateliers regroupant 730 artisans qui réalisent un chiffre d’affaires annuel de 400 millions d’euros. En 1975, les produits Nanbutekki rejoignent la liste des produits d’artisanat traditionnel. Aujourd’hui, les ateliers renouvellent leur offre. Parmi les objets fabriqués&nbsp;figurent des bouilloires, des casseroles, des dessous-de-plat, des bougeoires, des fuurin (des clochettes), des poêles, des appareils à croque-monsieur&nbsp;! La fonte étant un alliage constitué principalement de fer, les objets qui en sont issus peuvent être très sensibles à la corrosion, d’autant plus s’ils sont au contact de l’eau et de l’air de manière répétée. Or la passivation des fers obtenue par une cuisson à 900 degrés forme une membrane résistant à l’apparition de la rouille et constitue un traitement de surface participant largement au succès des&nbsp;Nanbutekki.&nbsp;

First, the craftsman makes a life-size drawing of the silhouette and designs that will appear in the boss. He then cuts a thin iron board in the shape of a symmetrical half of the future piece. In the past, this piece was made of wood, so the name kigata literally means wooden form. This is centred in the centre of a brick box that is gradually filled with sand mixed with clay. By turning this tool around the pivot, the teapot will gradually take on its shape. This first mould is made with three specific types of grain. The outer surface is coarsely ground to make it easy to give the shape, then finer to consolidate it, and finally the last layer is so smooth that it has a texture similar to silk (which gives it its name, kinumane, silk clay). Before this final layer of clay dries, stamps and brushes are used to decorate the surface of the teapot. Once completely dry, the mould is fired at 1200 degrees. Next, a mould matching the inner surface of the teapot is placed in the outer mould mentioned above. Also made of sand and clay, it is not fired but only dried and is considerably smaller than the first mould. It is coated with an ash so that it can be removed once the piece has been fired. Molten iron, reaching a temperature of 15,000 degrees, is poured between this gap. The teapot, removed from its two moulds, is then fired at 800 degrees. It is at this point that the heat treatment provides protection against rust.&nbsp; Finally, the finishing touches are applied. The details of the decoration are sanded to perfection, then the work is heated to 300 degrees to apply a coat of lacquer using a brush. The colouring is done with a liquid of iron acetate mixed with an infusion of tea, the level of which will shade the colour between black and brown.

Etapes de fabrication &nbsp;Dans la fabrication des Nanbutekki, la confection des moules est la plus cruciale. Elle ouvrage la forme de la théière et le relief qui orne sa surface. C’est aussi le moment qui prend le plus de temps car elle demande un travail à la main très minutieux et une cuisson. Premièrement, l’artisan dessine en taille réelle la silhouette et les dessins qui apparaîtront en bossage. Il découpe alors une mince planche en fer qui a la forme d’une moitié symétrique de la future pièce. Autrefois, cet outil était en bois, si bien que kigata, son nom, signifie littéralement forme en bois. Celle-ci sera axée au centre d’un caisson en brique qui sera rempli au fur et à mesure de sable mélangé à de l’argile. En tournant cet outil autour du pivot, la théière prendra peu à peu sa forme. Ce premier moule est réalisé avec trois types de grains spécifiques. La mouture est grossière pour la surface extérieure afin de donner aisément la forme puis plus fine pour la consolider, enfin, la dernière est si lisse qu’elle a une texture semblable à de la soie (ce qui a donné son nom, kinumane, argile de soie). Avant que cette dernière couche d’argile ne sèche, des tampons et des pinceaux sont maniés pour décorer la surface de la théière. Une fois parfaitement sèche, le moule passe au four à 1200 degrés. Ensuite, un moule épousant la surface intérieure de la théière est posé dans le moule extérieur cité plus haut. Constitué lui aussi de sable et d’argile, il n’est pas cuit mais seulement séché et sensiblement plus petit que le premier moule. Il est enduit d’une cendre qui permettra son extraction une fois que la pièce sera cuite. Le fer fondu et égalant une température de 15000 degrés est coulé entre cet interstice. La théière, démise de ses deux moules, est cuite ensuite à 800 degrés. C’est à ce moment que le traitement thermique apporte la protection contre la rouille. Enfin, les finitions sont apportées. Le ponçage parfait les détails du décor puis l’ouvrage est chauffé à 300 degrés pour y déposer une couche de laque au pinceau. La coloration est réalisée par un liquide d’acétate de fer mélangé à une infusion de thé, dont le taux nuancera la couleur entre le noir et le marron.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

These cast-iron teapots are so popular that imitations have invaded the market. If the colours are too bright, don't hesitate to check where they come from. They should be stamped Nanbutekki de Iwate. Watch out for fakes!

Ces théières en fonte sont si populaires que des imitations ont envahi le marché. Si les couleurs sont trop vives, n’hésitez pas à regarder leur provenance. Elles doivent être estampillés Nanbutekki de Iwate. Gare aux contre-façons&nbsp;!&nbsp;&nbsp;&nbsp;

La théière en fonte Nanbutekki pourrait vous survivre!

The function of the lacquer is to apply shiny coating some objects or to adhere elements together. In addition to its shiny, coloured appearance, which adds aesthetic value, its waterproof and rot-proof properties, as well as its resistance to use and longevity, make it a quality material that has left a strong mark on Asian, and later European, craftsmanship. Even today, industrial lacquers fail to fulfil all these properties simultaneously. As for lacquer, it refers to all objects coated with its feminine namesake. It covers a wide range of craft products, from crockery to furniture, but also prints, basketry and sculpture.

La laque est extraite du laquier. Cette résine a pour fonction de vernir certains objets ou de faire adhérer des éléments entre eux. Outre son aspect brillant et coloré qui ajoute une valeur esthétique, ses caractères imperméable et imputrescible, ainsi que sa résistance à l’usage et sa longévité en font un matériau de qualité qui a fortement marqué l’artisanat asiatique, et plus tard, européen. Les laques industrielles, encore aujourd’hui, ne parviennent pas à remplir simultanément toutes ces propriétés. Quant au laque, il signifie l’ensemble des objets enduits de son homonyme féminin. Il concerne un large éventail de produits artisanaux, allant de la vaisselle à du mobilier, mais également les estampes, la vannerie ou la sculpture.

The use of lacquer appeared in Japan during the long Jômon period, which lasted from 13,000 to 10 BC. Several archaeological sites bear witness to the quality of this varnish, as numerous extremely fine wooden vases, bowls and ewers have been found in humid areas. The oldest piece in the world was discovered on the island of Hokkaido and dates back 9,000 years; it was funerary furniture. Apart from weapons, few objects have survived from the following period (Yayoï -10 to 300 years), but the Kofun era (350-700 years) that followed it was particularly prolific, with relics in lacquered leather or metal as well as coffins. The democratisation of lacquerware began during the Nara period in the 8th century. Lacquerware, until then reserved for the nobility, became more widespread thanks to the dilution of the raw material. Numerous prints, the dry lacquer technique and the art of maki-e, specific to Japan, also appeared. However, it is generally accepted that lacquer was first used as an adhesive. Numerous ancient arrows have been found whose shafts were sealed with lacquer. Much later, in the Edo period, kintsugi was a restoration technique based on lacquer mixed with gold powder.

L’usage de la laque apparaît au Japon durant la longue période Jômon allant de 13000 à 10 ans avant notre ère. Plusieurs sites archéologiques témoignent de la qualité de ce vernis car de nombreux vases, bols et aiguières en bois d’une extrême finesse ont été retrouvés dans des zones humides. La plus ancienne pièce au monde a été découverte sur l’île de Hokkaido et remonterait à 9000 ans&nbsp;; il s’agit d’un mobilier funéraire. Hormis des armes, peu d’objets ont survécu à la période suivante (Yayoï -10 à 300 ans), mais l’ère Kofun (350-700 ans) qui la suit est particulièrement prolifique avec des vestiges en cuir ou en métal laqués ainsi que des cercueils. La démocratisation de la laque démarre pendant la période Nara au VIIIème siècle. La vaisselle en laque, jusqu’alors réservée à la noblesse, se répand grâce à une dilution de la matière première. De nombreuses estampes, la technique de laque sèche ainsi que l’art du maki-e, spécifique au Japon, apparaîssent également. Pourtant, il est communément admis que la laque a d’abord été utilisée en tant qu’adhésif. De nombreuses flèches antiques dont le fer était scellé à la tige avec de la laque ont été retrouvées. Beaucoup plus tard, à l’ère Édo, le kintsugi est la technique de restauration à base de laque mélangée à de la poudre d’or. &nbsp;&nbsp;

Many print artists have used lacquer to add relief and sophistication to their paintings. Over the years, techniques have evolved sufficiently to vary the colours. In addition to the traditional black and red, different shades of brown, vermilion, red ochre, yellow and green complete the palette, thanks to the natural products incorporated, such as iron or sulphur. Lacquer has a repellent effect and resists mould. This is why the privileged families of the aristocracy and military nobility owned lacquered furniture. It is also waterproof and withstands contact with salt, alcohol, fats and alkaline foods. The variety of lacquered tableware is immense, but the most famous are those from Kyoto and Wajima.

De nombreux artistes en estampes ont utilisé la laque pour apporter du relief et un caractère sophistiqué à leurs peintures. Au fil des ans, les techniques ont suffisamment évolué pour varier les couleurs. Au noir et au rouge traditionnels, différentes tonalités de marron, le vermillon, l’ocre rouge, le jaune et le vert viennent compléter la palette, grâce aux produits naturels incorporés, tels que du fer ou du sulfure. La laque a un effet répulsif et résiste à la moisissure. C’est pourquoi les familles privilégiées de l’aristocratie et de la noblesse militaire possédaient du mobilier laqué. Il est par ailleurs imperméable et supporte bien le contact du sel, de l’alcool, des corps gras et des aliments alcalins. Ainsi, la variété de la vaisselle laquée est immense mais les plus fameuses sont celles de Kyoto et de Wajima.

Kyoto lacquerware In constant contact with nobles and merchants, the craftsmen of Kyoto never ceased to refine their style and perfect their skills. Starting with a base of fine wood, a textile membrane made from a mixture of lacquer, starch and linen is applied layer by layer to solidify the container. A mixture of ochre powder and lacquer then forms the silhouette. Finally, layers of lacquer complete the work. These creations were considered to be works of art, and were seen as ostentatious signs of wealth, presented as gifts at business meetings or as a courtesy. In 1976, it was classified as a traditional craft product by the Japanese Ministry of Economy and Industry. Wajima lacquerware Originally from the prefecture of Ishikawa, Wajima lacquer is now part of the Tokyo tradition. The process remains the same, but is distinguished by its ancient history dating back over 6,000 years and by the use of rice glue, which streamlines production. The fact remains, however, that it too is distinguished by the same label as Kyoto lacquer, provided it meets very precise specifications. One of the things these two lacquers have in common is a specifically Japanese technique known as maki-e, which adds great aesthetic value. Simple crockery or small pieces of furniture become unique, artistic objects.

Le laque de Kyoto En contact permanent avec les nobles et les commerçants, les artisans de Kyoto n’ont cessé de raffiner leur style et de perfectionner leur savoir-faire. Partant d’une base en bois fin, une membrane textile obtenue par un mélange de laque, de fécule et de lin est posée couche après couche pour solidifier le contenant. Par la suite, une mixture de poudre d’ocre et de laque vient former la silhouette. Enfin, des couches de laque viennent parfaire l’ouvrage. Ces fabrications sont davantage considérées comme des œuvres d’art, donnant lieu à des signes ostentatoires de richesse en tant que présents lors des rencontres d’affaires ou de courtoisie. Elle sera classée en 1976 en tant que produit artisanal traditionnel par le ministère des économies et de l’industrie japonais. Le laque de Wajima Originaire de la préfecture de Ishikawa, il est issu aujourd’hui de la tradition de Tokyo. Le processus demeure le même mais se distingue par son histoire ancienne remontant à plus de 6000 ans et par l’usage de la colle de riz qui rationnalise la production. Il n’en demeure pas moins qu’il est lui aussi distingué par le même label que le laque de Kyoto à condition de remplir un cahier des charges très précis. Parmi les points communs de ces deux laques, une technique spécifiquement japonaise, le maki-e, apporte une forte valeur esthétique. La simple vaisselle ou le petit mobilier devient alors un objet unique et artistique.

Maki-e&nbsp; This art form dates back to the Heian period, between the 9th and 12th centuries, and became famous during the Edo era. It involves applying gold powder and dried lacquer to a layer of wet lacquer on a wooden core that has been lacquered several layers in advance. The motifs can be neat, shaded or gradated. The whole surface is covered with clear lacquer. Different techniques can be used to obtain a flat or raised surface, by sanding the designs or adding lacquer thickened with wood or charcoal powder. The designs are created with a brush of varying width, using lacquer mixed with powdered gold, silver, platinum, brass, copper, lead, aluminium, tin or their alloys. The variety of textures thus obtained contributes to the beauty and finesse of the work. In addition, mother-of-pearl, ivory or coral elements can be inlaid before the final coat of lacquer dries. The artist can also carve small lacquer elements in advance to complete the painting. This skill is used in conjunction with other techniques, particularly carved lacquer.

Le maki-e Cet art remonte à l’époque Heian, entre le IXème et le XIIème siècle et acquiert sa notoriété à l’ère Édo. Il consiste à apposer sur une âme en bois, préalablement laquée de plusieurs épaisseurs, de la poudre d’or et de la laque séchée sur une couche de laque humide. Les motifs peuvent être nets, nuancés ou dégradés. L’ensemble est recouvert de laque claire. Différentes techniques permettent d’obtenir une surface plane ou en relief, par ponçage des dessins ou par l’ajout de laque épaissie par de la poudre de bois ou de charbon. Les dessins sont réalisés au pinceau plus ou moins large avec de la laque mélangée à de l’or, de l’argent, du platine, du laiton, du cuivre, du plomb, de l’aluminium, de l’étain, ou de leur alliage, réduits en poudre. La variété des textures ainsi obtenues participent à la beauté et à la finesse des réalisations. En outre, avant que la dernière couche de laque ne sèche, des éléments de nacre, d’ivoire ou de corail peuvent être incrustés. L’artiste peut également sculpter par avance de petits éléments en laque et compléter le tableau. Ce savoir-faire est conjointement utilisé avec d’autres techniques, notamment avec le laque sculpté.

Carved lacquer This technique originated in China in the 7th century and is called guri in Japanese. It consists of carving a wooden work coated with several layers of lacquer, up to twenty. The surface is adorned with arabesques and motifs in relief, and different colours, resulting from layers of lacquer of varying colours, appear on objects made in this way.&nbsp; Lacquered wood sculptures and dry lacquering These two techniques are emblematic of Buddhist art and have enabled sculptures to endure through the centuries. Some are made of wood and covered with several layers of lacquer. Others are made using a more sophisticated technique, such as dry lacquer. First, modelled clay covers a wooden frame. The whole thing is then covered with superimposed layers of hemp soaked in lacquer, the process being punctuated by a systematic drying period. The clay is then removed and the remaining shell of lacquered hemp and wooden frame is sewn back together and covered with a final layer of lacquer and clay. The sculpture is finished off with wires wrapped in hemp cord and modelled using a mixture of sawdust and lacquer to add detail.

Le laque sculpté Il naît en Chine au VIIème siècle et s’appelle guri en japonais. Il consiste à sculpter un ouvrage en bois enduit de plusieurs épaisseurs de laque, pouvant aller jusqu’à une vingtaine. Des arabesques et des motifs en relief ornent la surface et de différentes couleurs étagées, résultant des couches de laques de couleurs variées, apparaissent sur des objets ainsi réalisés. Les sculptures en bois laqué et le laque sec Ces deux techniques sont emblématiques de l’art bouddhique et ont permis aux sculptures de perdurer à travers les siècles. Certaines sont en bois et recouvertes de plusieurs couches de laque. D’autres sont issues d’une technique plus sophistiquée, comme celles en laque sèche. Dans un premier temps, de l’argile modelée recouvre une armature en bois. Puis l’ensemble est recouvert de superposition de couches de chanvre imbibé de laque, le processus étant ponctué par un temps de séchage systématique. Par la suite, l’argile est retiré et l’ensemble restant constitué par la coque en chanvre laqué et l’ossature en bois est recousu puis recouvert d’une dernière couche de laque et d’argile. Des finitions sont réalisées par des fils de fer entourés de cordelettes de chanvre et modelés grâce à un mélange de sciure de bois et de laque pour apporter des détails à la sculpture. &nbsp;

The aesthetic quality of lacquer has given rise to works of art and craft products, and its durable properties have enabled them to survive the test of time. The fact that lacquer has been around for so long is testament to the variety of skills that have gone into it, as well as to its inexhaustible success. The combined value of beauty and preservation appealed to European dignitaries and merchants, who began importing works in the 16th century. Today, lacquer is passed on to the West, but we won't go into that in this diary...

Ainsi, la qualité esthétique de la laque a donné naissance à des œuvres d’art et à des produits artisanaux et ses propriétés durables leur ont permis de survivre au temps. Son ancienneté est le témoignage de savoir-faire variés et sans cesse renouvelés, ainsi que de son succès intarissable. La valeur associée de la beauté et de la préservation a séduit les dignitaires et les commerçants européens qui ont commencé à importer des ouvrages au XVIème siècle. La laque est transmise aujourd’hui en Occident mais nous n’en parlerons pas dans ce journal…&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Je vous invite à lire le très bel article de Shiori Kishi concernant le kintsugi <a href="https://japanstories.fr/article/oow4jkarw9" target="_blank" rel="noopener noreferrer">ici</a>, ainsi que de consulter de très belles photos disponibles sur le web concernant le maki-e et les sculpture en laque sèche!

Lacquer

La laque et le laque

On 16 June, at the Alliance Française theatre in Paris, a Nô play was performed in French for the first time. The auditorium was packed.&nbsp; Nô is a traditional Japanese theatrical art form that was declared an Intangible Cultural Heritage of Humanity by UNESCO in 2008. The most important prop is the mask. The set is simple and unadorned. The costumes are kimonos. The result is a stage that emanates an atmosphere that is both noble and spiritual, true to the philosophy and aesthetics of Nô.

Le 16 juin, au théâtre de l’Alliance française à Paris, a eu lieu pour la première fois une pièce de Nô jouée en langue française. La salle était comble.&nbsp; Élevé au rang de patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2008, le Nô est un art de théâtre traditionnel du Japon. L’accessoire le plus important est le masque. Le décor, lui, est épuré et sans fioriture. Les costumes sont des kimonos. De la scène ainsi composée émane une atmosphère à la fois noble et spirituelle, fidèle à la philosophie et à l’esthétique du Nô.

Seneca's tragedy Medea was adapted today. The Roman play, performed by the Nô, captured the audience's attention with its original staging. The characters of Jason, the governess and the messenger were played by French actors. In this living art form, the lines resonate like a melody. The sounds created by the lexicon and rhythm of the French language bathed the auditorium in an unprecedented aura, while respecting the rule of balance between silence and movement.&nbsp;&nbsp; On this day, the audience was instantly immersed in a world reputed to be hermetic. The appearance of the main character, played by Nô master Masato Matsuura, captured the audience's attention. Matsuura teaches Nô and sword techniques in France. A master of dance and martial arts, the typical movement of the foot was sublimated by his gesture, rehearsed and perfected over and over again.&nbsp; The mask intrigues, catches the eye and inspires a moment of transcendence. There is a Japanese expression, "an inexpressive face like a Noh mask". Yet depending on how it is tilted, it expresses joy or sadness. The wearer of the mask sometimes seems full of life and smiling, at other times downcast or in tears. The uniqueness of the Nô mask lies in its emotional versatility. The force of the character's mood swings throughout the play captures the audience's imagination and gets them involved.&nbsp; The performance was a great success. The hour and a half passed quickly. It presented this dramatic art in a new light and revealed a beautiful harmony between the language of Molière and the rhythm of Nô.

C’est la tragédie de Sénèque, «&nbsp;Médée&nbsp;», qui a été adaptée ce jour. La pièce romaine, interprétée par le Nô, a su capter l’attention des spectateurs par sa mise en scène inédite. Les personnages de Jason, de la gouvernante et du messager ont été joués par des comédiens français. Dans cet art vivant, les répliques résonnent telle une mélodie. Les sonorités composées par le lexique et le rythme du français ont baigné la salle d’une aura inédite, dans le respect de la règle d’équilibre entre le silence et le mouvement. &nbsp; Ce jour, le public a instantanément plongé dans cet univers réputé hermétique. L’apparition du personnage principal, joué par le maître de Nô Masato Matsuura, a capté l’attention de l’auditoire. Ce dernier transmet les techniques du Nô et du sabre en France. Maîtrisant la danse et l’art martial, le mouvement typique du pied a été sublimé par son geste maintes fois répété et perfectionné.&nbsp; Le masque intrigue, attire le regard et attise un moment de transcendance. Il existe une expression japonaise, «&nbsp;un visage inexpressif tel un masque de Nô&nbsp;». Pourtant, en fonction de son inclinaison, il exprime la joie ou la tristesse. Le porteur du masque semble tantôt plein de vie et souriant, d’autres fois abattu ou en pleurs. C’est dans cette polyvalence émotive que réside la singularité du masque de Nô. Par sa force, les mouvements d’humeur du personnage tout au long de la pièce suscitent l’imagination du spectateur et provoque son implication.&nbsp; Cette représentation a été un vif succès. L’heure et demie est passée vite. Elle a proposé cet art dramatique sous un nouveau jour et a révélé une belle harmonie entre la langue de Molière et la rythmique du Nô.&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Yosegi, literally wood assembly, is a marquetry craft that originated in Hakone, a place famous for its hot springs. In the heart of Fuji-Hakone-Izu National Park, the natural environment has provided a diversity of wood species that have contributed to the development of this craft.

Le yosegi, littéralement assemblage de bois, est une marqueterie originaire de Hakone, lieu célèbre pour ses sources d’eau chaude. Au cœur du parc national de Fuji-Hakone-Izu, l’environnement naturel a offert une diversité d’essences de bois qui a contribué au développement de cet artisanat.&nbsp;

The region surrounding the town of Odawara in Kanagawa prefecture, an hour's drive from the capital, is characterised by its lush natural surroundings. It has long been an important resource for woodworkers, so much so that many turners from Kyoto settled here during the Heian period in the 16th century. As wood became scarcer the more it was used, the makers moved again, settling permanently in Hakone. It was here that Nihei Ishikawa created the specific yosegi technique.

La région entourant la ville d’Odawara dans la préfecture de Kanagawa, située à une heure de route de la capitale, est marquée par sa nature luxuriante. Elle a longtemps constitué une ressource importante pour les artisans du bois, si bien que de nombreux tourneurs originaires de Kyoto s’y sont installés durant l’époque Heian au XVIème siècle. Le bois se raréfiant à mesure de son utilisation, les fabricants se sont à nouveau déplacés, pour s’établir définitivement à Hakone. C’est ici que Nihei Ishikawa a créé la technique spécifique du yosegi.&nbsp;

The manufacturing process involves several stages. A table saw is used to cut rods of various shapes from the wood. They are essential to the subsequent composition work, as they can be cut to any one of sixty or more geometric profiles, depending on the angle and the shape designed. They are then assembled into geometric patterns and pressed together to form a block. The infinite possibility of combinations in turn produces several hundred traditional patterns. Known as taneita, this piece forms the basis for two types of work. The zuku comes from the planer, which produces 0.2 millimetre strips, and the muku is the result of a wood lathe. Zuku are glued to everyday objects, particularly secret boxes. The latter appeared at the end of the 19th century and are the result of a specific know-how. Small pieces of wood form a container that can only be opened after the facets of the box have been manipulated several times, like a puzzle. This is the emblematic work of the yosegi. As for muku, the block of wood is carved to be transformed into crockery.

Le processus de fabrication comprend plusieurs étapes. Des baguettes de différentes formes sont taillées dans le bois grâce à une scie sur table. Elles sont essentielles au travail de composition ultérieure puisqu’elles permettent, selon l’angle de découpe et la forme conçue, une soixantaine de profils géométriques. Elles sont par la suite assemblées pour constituer des motifs géométriques puis pressées entre elles pour former un bloc. La possibilité infinie des combinaisons donne à son tour plusieurs centaines de motifs traditionnels. Appelé taneita, cette pièce constitue la base de fabrication de deux types d’ouvrage. Le zuku est issu du passage à la raboteuse qui permet de réaliser des lamelles de 0,2 millimètres et le muku est le résultat obtenu par un tour à bois. Les zuku sont collés sur des objets du quotidien, notamment sur des boîtes à secret. Ces dernières sont apparues à la fin du XIXème siècle et témoignent d’un savoir-faire spécifique. De petits pans de bois forment un contenant qui ne s’ouvre qu’après plusieurs manipulations des facettes de la boîte, tel un casse-tête. C’est l’œuvre emblématique du yosegi. Quant au muku, le bloc de bois est sculpté pour se transformer en vaisselle.&nbsp;

Hakone-zaiku, literally Hakone shaping, is best known for its yosegi, but also for its marquetry. Pieces of wood are made using a scroll saw and interlocked to create a relatively thick picture. Like zuku, this taneita is then planed into a thin sheet of wood, flattened with a hot iron and glued together.

Le Hakone-zaiku, littéralement façonnage de Hakone, est surtout réputé pour le yosegi mais également pour sa marqueterie. Les pièces de bois sont confectionnées à l’aide d’une scie à chantourner et sont imbriquées les unes aux autres pour créer un tableau relativement épais. Tout comme le zuku, ce taneita passe à la raboteuse et devient une fine feuille de bois, aplanie par un fer chaud puis collée.&nbsp;

The variety of species used makes it possible to create highly colourful designs: white is obtained from Japanese charcoal, black from the caramel tree, yellow from the mulberry tree, brown from the camphor tree, purple from the walnut tree, blue from the pickle tree and black from the Chinese cedar. Although local trees have long been selected for this craft, the region has been protected since 1936 and the wood can no longer be exploited. Today, the workshops carefully select species according to texture and colour, and manage to source seventy per cent of the wood from other parts of Japan.&nbsp; I invite you to admire the yosegi patterns and watch the videos, which do not require a command of Japanese, to see how the different types of Hakone-zaiku are made: https://www.hakone.or.jp/yosegizaiku/about/index.html

La variété des essences permet d’élaborer des motifs hauts en couleurs&nbsp;: le blanc est obtenu par le fusain du Japon, le noir par l’arbre au caramel, le jaune par le mûrier, le brun par le camphrier, le pourpre par le noyer, le bleu par l’arbre à cornichon et le noir par le cèdre chinois. Si les arbres locaux ont longtemps été sélectionnés pour cet artisanat, la région est protégée depuis 1936 et le bois ne peut plus être exploité. Aujourd’hui, les ateliers sélectionnent les essences avec soin en fonction de leur texture et de leur couleur et parviennent à se fournir, depuis d'autres régions du Japon, pas moins de soixante-dix pour cent du bois. Je vous invite à admirer les motifs du yosegi et à regarder les vidéos, ne nécessitant pas la maîtrise de la langue japonaise, pour observer la fabrication des différents types du Hakone-zaiku&nbsp;: <a href="https://www.hakone.or.jp/yosegizaiku/about/index.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">https://www.hakone.or.jp/yosegizaiku/about/index.html</a>

Yosegi, geometry in wood

Le yosegi, de la géométrie en bois

You may already have seen these round, colourful wooden figurines on the shop front of a shop specialising in Japanese products. Unlike other Japanese words, kokeshi is not (yet?) in the French dictionary, but many Japanophiles are familiar with this decorative object.

Peut-être avez-vous déjà eu l’occasion de voir ces figurines en bois, rondes et colorées, sur une devanture d’un magasin spécialisé dans les produits japonais. Contrairement à d’autres mots japonais, kokeshi n’appartient pas (encore&nbsp;?) au vocabulaire français, mais nombre de japonophiles connaissent déjà cet objet de décoration.&nbsp;

This anthropomorphic sculpture consists of two parts: a round head and a cylindrical body without limbs. It is traditionally made on a wood lathe by specialist craftsmen from species of wood such as hornbeam, cherry, pear or maple. Hand-painted and then coated with lacquer, kokeshi have been conquering the world since 2000. Although they are now mass-produced and come in rounder "kawai" shapes, sometimes depicting cartoon characters, in the past they were handmade by masters and their disciples in eleven schools. They were taller and thinner, with natural pigments adorning the faces and bodies, mainly in red, the colour of good omens, black and green.

Cette sculpture anthropomorphe est constituée de deux parties&nbsp;: une tête ronde et un corps cylindrique sans membre. Elle est traditionnellement fabriquée au tour à bois par des artisans spécialisés à partir d’essences comme le cornus, le cerisier, le poirier ou l’érable. Peintes à la main puis enduites de laque, les kokeshi ont su conquérir le monde depuis les années 2000. Si elles sont produites aujourd’hui en série et se déclinent sous des formes plus rondes «&nbsp;kawaï&nbsp;» et représentent parfois des personnages de dessins animées, elles étaient autrefois réalisées à la main par des maîtres et leurs disciples réunis sous onze courants. Elles étaient plus hautes et plus fines et les pigments naturels ornaient les visages et les corps principalement de teinte rouge, la couleur de bon augure, de noir et de vert.&nbsp;

The first kokeshi appeared during the Edo period in north-east Japan, around the prefectures of Miyagi and Fukushima. At that time, the peasant population regularly went to spring baths to rest their aching bodies, where they bought crockery made by local woodturners. At the request of their customers, the woodturners began to carve figurines for children. The figurines were thin and handy, but small and unstable, so that the little ones could easily pick them up. Little by little, adults began to appropriate these toys and collectors began to appear. Techniques then evolved to make them more stable and decorative. The curists turned these dolls into talismans symbolising health and vitality.

Les premières kokeshi sont apparues à l’ère Édo dans le nord-est du Japon, autour des préfectures de Miyagi et de Fukushima. A cette époque, la population paysanne se rendait régulièrement dans des bains de sources pour reposer leur corps endolori et s’y procuraient de la vaisselle fabriquée par les tourneurs sur bois locaux. Ces derniers, à la demande de leurs clients, ont commencé à sculpter des figurines destinées à être offertes aux enfants. Afin que les petits puissent les attraper aisément, elles étaient fines et maniables mais petites et instables. Peu à peu, les adultes se sont approprié ces jouets et des collectionneurs sont apparus. Les techniques ont alors évolué pour apporter de la stabilité et permettre de les disposer en tant qu’élément décoratif. Les curistes ont fait de ces poupées des talismans symbolisant santé et vitalité.

Kokeshi are still so popular today that they have been transformed into practical objects. They can contain seals, used by the Japanese as official signatures, or letters. One company has turned the flaw of instability into a strength by incorporating a detector: when the kokeshi topples over, a light goes on to signal the presence of a victim in the event of an earthquake.&nbsp;&nbsp; The popularity of these wooden dolls is also due to the organisation of three annual competitions for excellence, one of which is awarded by the Prime Minister himself!

Les kokeshi sont si affectionnées de nos jours encore qu’elles se sont transformées en objets pratiques. Elles peuvent renfermer des sceaux, utilisés par les Japonais comme signature officielle, ou des lettres. Une entreprise a transformé le défaut d’instabilité pour en faire un point fort en y incorporant un détecteur&nbsp;: lorsque le kokeshi bascule, une lumière s’allume pour signaler la présence d’une victime lors de tremblements de terre.&nbsp;&nbsp; La popularité de ces poupées de bois tient aussi aux organisations de trois concours d’excellence annuels, dont l’un des prix est décerné par le Premier Ministre en personne&nbsp;!

Pour ceux qui ont lu l'article sur les bouches d'égoût, vous aurez deviné que ces kokeshi figurent sur certaines des régions où elles sont fabriquées. Pour les autres, je les invite à découvrir un <a href="https://japanstories.fr/article/hfx1l3owsdl" target="_blank" rel="noopener noreferrer">musée à ciel ouvert</a>.

Les poupées Kokeshi

Pleasure gardens seem to be a cultural representation of the notion of space and an aesthetic of nature. Botanical knowledge and landscaping techniques allow the staging of an artificial plant world. The laws of composition differ from one country to another.&nbsp; The Japanese garden is loved and respected for its spiritual symbols and aesthetic calm.&nbsp;The inhabitants of the archipelago rest there during a visit to the temple, stroll there after a traditional meal or admire it during a meditation. Present in various places, both private and public, it can be visited in temples, castles, public parks and can be viewed from traditional inns or private homes. This attachment can perhaps be explained by the long history of this man-made plant world.

Les jardins d’agrément semblent refléter une représentation culturelle de la notion d’espace et d’une esthétique de la nature. Les savoirs botaniques et les techniques paysagères permettent une mise en scène d’un univers végétal artificialisé. Les lois de composition diffèrent d’un pays à l’autre, je vous propose aujourd’hui de découvrir celles du Japon.&nbsp; Le jardin japonais est affectionné et respecté pour ses symboles spirituels et son calme esthétique. Les habitants de l’archipel s’y reposent au détour d’une visite au temple, y déambulent après un repas traditionnel ou l’admirent le temps d’un recueillement. Présents dans divers lieux, aussi bien privés que publics, il se visite dans les temples, les châteaux, les parcs publics et se laisse regarder depuis des auberges traditionnels ou des demeures privées. Cet attachement s’explique peut-être par la longue histoire qu’a traversée cet univers végétal façonné par l’homme. &nbsp;

The first outlines of gardens appear in antiquity, during the Jomon period around 300 BC. Gravel and sand were used to delimit sacred spaces from agricultural land. Natural elements such as trees, pebbles or waterfalls were borrowed for religious ceremonies, while rocks sheltered the kami, the deities of nature. It was between the 6th and 8th centuries that the first real gardens appeared. The oldest attested garden, which no longer exists today, dates back to 612. An artificial lake was built around an island on which stands a representation of Mount Meru, a mythical mountain considered as the axis of the world in various oriental mythologies, including Buddhism. A bridge provides access to the lake.

&nbsp;Les premières ébauches de jardin apparaissent dans l’Antiquité, durant la période Jomon vers -300 ans. Les graviers et le sable sont utilisés afin de délimiter les espaces sacrés des terres agricoles. Les éléments naturels tels que les arbres, les galets ou les chutes d’eau sont empruntés pour des cérémonies religieuses, tandis que les rochers abritent les kami, les divinités de la nature. C’est entre le VIème et le VIIIème siècles que les premiers véritables jardins apparaissent. Le plus ancien attesté mais qui n’existe plus aujourd’hui remonte à 612. Un lac artificiel était aménagé autour d’une île sur laquelle se dresse la représentation du Mont Meru, une montagne mythique considérée comme l’axe du monde dans différentes mythologies orientales, dont celle du bouddhisme. Un pont en permet l’accès.&nbsp;

The first Japanese style accompanied the architecture of the imperial residences of the Heian era between 794 and 1185. Strongly influenced by Chinese geomancy (feng-shui), the cardinal points determine the location of the buildings and the spaces surrounding them. To the south of the main building is a sandy courtyard and then a pond around which the components of the garden are organised: an island symbolising the world of the immortals is set up in the centre of the water and a bridge connects it to the land.&nbsp;The gardens of this period are marked by asymmetry, refinement, the melancholy of impermanence, and the Japanese aesthetic and spiritual concept of Mono no Aware, which defines sensitivity to the ephemeral and empathy towards things.

Le premier style japonais accompagne l’architecture des résidences impériales de l’ère Heian entre 794 et 1185. Fortement marqué par la géomancie chinoise (feng-shui), les points cardinaux déterminent l’emplacement des bâtiments et des espaces qui les entourent. Au sud de la bâtisse principale se trouve une cour de sable puis une mare autour de laquelle s’organisent les composants du jardin&nbsp;: une île symbolisant le monde des immortels est dressée au centre du plan d’eau et un pont la relie à la terre. &nbsp;Les jardins de cette époque sont marqués par l’asymétrie, le raffinement, la mélancolie liée à l’impermanence, et le concept esthétique et spirituel japonais de Mono no Aware définissant la sensibilité pour l’éphémère et l’empathie envers les choses. &nbsp;

The following period was marked by the development of Zen Buddhism. The first Zen gardens were designed to develop an atmosphere conducive to calm and meditation. Flowering plants were replaced by evergreen trees and the landscape ambition shifted. Symbolism replaces mimicry, the challenge being to represent the entire universe in the garden through abstraction and metaphor. At first it was the high priests who designed the gardens, but little by little the profession became more professional. With the help of the monks, who were more egalitarian than the rest of society, the gardeners gained real recognition despite their low caste status. Moreover, the progressive ascendancy of the military nobility led to a style opposite to that of the monks. The gardens were considered to be objects of contemplation and were designed for their visual appeal, like paintings. The meditative place was thus transformed into an open-air terrarium.

La période qui suit est marquée par le développement du bouddhisme zen. Les premiers jardins zen sont conçus afin de développer une atmosphère propice au calme et à la méditation. Ainsi, les plantes à fleurs sont remplacées par des arbres persistants et l’ambition paysagère se déplace. Le symbolisme se substitue au mimétisme, l’enjeu étant de représenter l’univers entier dans le jardin grâce à l’abstraction et à la métaphore. Ce sont d’abord les grands prêtres qui dessinent les jardins mais peu à peu, le métier se professionnalise. Aidés par les moines plus égalitaires que le reste de la société, les jardiniers acquièrent une véritable reconnaissance malgré leur appartenance à une basse caste. Par ailleurs, l’ascendance progressive de la noblesse militaire oriente un style opposé à celui des moines. Les jardins sont considérés comme des objets de contemplation et sont conçus pour leur attrait visuel, tels des tableaux. Le lieu méditatif se transforme ainsi en terrarium à ciel ouvert.&nbsp;

Subsequently, the development of the tea ceremony greatly influenced the aesthetics of gardens, which were seen as the transition from the outside world to an enclosed space dedicated to introspection. Indeed, the wabi-sabi movement, which initiated a new codification of the tea ceremony, rejected artifice and emphasised simplicity with the concept of "sober refinement" (sabi). The garden is therefore considered the ideal environment for the meditative aspect of the ceremony.

Par la suite, le développement de la cérémonie du thé influence largement l’esthétique des jardins, lesquels sont considérés comme la transition du&nbsp;monde extérieur à un espace clos dédié à l’introspection. En effet, le mouvement wabi-sabi, qui initie une nouvelle codification de la cérémonie du thé, rejette les artifices et met en valeur la simplicité avec le concept de «&nbsp;raffinement sobre&nbsp;» (sabi). Le jardin est dès lors considéré comme l’environnement idéal pour la dimension méditative de la cérémonie.&nbsp;

The first strolling gardens were built during the Kamakura period (1185-1333) and reached their peak during the Edo period when the feudal lords and all the merchants and craftsmen prospered. The wealthiest had them built on their estates or in their gardens and strolled through reproductions of Chinese or Japanese panoramas. Small gardens, like those for the tea ceremony, also developed in town houses.&nbsp; Finally, from the Meiji era (1868-1912) to the present day, Western motifs are integrated. Japanese and Western forms coexist; open lawns and a wide variety of plants are found in various places: hotels, spas and shopping centres. Public gardens are not left out, with the hanami held every year in the spring during picnics at the foot of the cherry trees.

Les premiers jardins de promenade sont construits pendant l’époque Kamakura (1185-1333) et atteignent leur apogée à l’ère Edo où les seigneurs féodaux et l’ensemble des marchands et des artisans prospèrent. Les plus aisés en font construire sur leur domaine ou leur jardin et flânent à travers les reproductions de panoramas de Chine ou du Japon. De petits jardins, à l’image de ceux de la cérémonie du thé, se développent également dans les maisons de ville. Enfin, depuis l’ère Meiji (1868-1912) jusqu’aujourd’hui, les motifs occidentaux sont intégrés. Les formes japonaises et occidentales coexistent&nbsp;; des pelouses dégagées et une grande variété de plantes parsèment les parcelles végétales de différents lieux: les hôtels, les stations thermales ou encore les centres commerciaux. Les jardins publics ne sont pas en reste, avec le hanami qui s’organise tous les ans au printemps à l’occasion de pique-nique aux pieds des cerisiers. &nbsp;&nbsp;

In order to understand the Japanese garden, it is also necessary to know the means used to integrate a representation of nature in a limited area.&nbsp; First of all, garden architecture was adapted to the Japanese geography. The temperate and humid climate shaped the styles, which were constantly marked by the four distinct seasons, and offered a floral variety that enriched the compositions. The volcanic massifs with their narrow valleys and winding sea coasts have favoured the harmony of gardens with the contours of the land and an aesthetic of asymmetry. The natural landscapes are all motifs.&nbsp; In addition, three main principles govern the scenic composition: the miniaturisation of the universe, symbolism and the capture of landscapes. The first is used to represent nature in the dedicated space, the second recalls the religious function and the last allows the garden to be inserted into the larger setting by blurring the border.&nbsp; Finally, according to the aesthetic rules governing their arrangement, several elements stage motifs inspired by natural landscapes. They are organised around the place from which the garden is intended to be seen. Rocks, trees, water, sand and gravel reproduce mountains, rivers, forests and seas. Paths, borders and decorations such as lanterns, pagodas, statues, bridges and pavilions are also arranged to give more volume. Animals such as koi carp (which also serve to limit aquatic vegetation), waterfowl, turtles and frogs complete the world.

Pour comprendre le jardin japonais, il faut aussi connaître les moyens employés dans le but de représenter la nature dans une superficie limitée. Tout d’abord, l’architecture des jardins s’est adaptée à la géographie japonaise. Le climat tempéré et humide a façonné les styles, sans cesse marqués par les quatre saisons bien distinctes, et a offert une variété florale qui a enrichi les compositions. Les massifs volcaniques parcourus d’étroites vallées et les côtes maritimes sinueuses ont favorisé l’harmonie des jardins au contour du terrain et une esthétique de l’asymétrie. Les paysages naturels sont autant de motifs. Par ailleurs, trois grands principes régissent la composition&nbsp;scénique: la miniaturisation de l’univers, le symbolisme et la capture de paysages. Le premier sert à représenter la nature dans l’espace dédié, le deuxième rappelle la fonction religieuse et le dernier permet d’insérer le décor dans l'environnement naturel en floutant la frontière. Enfin, selon des règles esthétiques qui gouvernent leur agencement, plusieurs éléments mettent en scène les motifs inspirés de paysages naturels. Ils sont organisés autour du lieu depuis lequel le jardin est destiné à être vu. Des rochers, des arbres, de l’eau, du sable et des graviers reproduisent les montagnes, les forêts, les rivières et les mers. Des chemins, des bordures et des décors tels que des lanternes, des pagodes, des statues, des ponts et des pavillons sont disposés également pour donner plus de relief. Des animaux, tels que les carpes koï (qui servent aussi à limiter la végétation aquatique), du gibier d’eau, des tortues et des grenouilles viennent parfaire l’univers du vivant.&nbsp; Ainsi, le jardin japonais propose un monde naturel idéalisé en limitant les artifices.

The Japanese garden, the universe in miniature

Le jardin japonais, l'univers en miniature

In the partitioning of interior spaces, sliding walls are used in Japan to delimit separate rooms. They can be made of paper panels, plain or painted. Some of these shoji are set with finely carved wood, forming a very sophisticated geometric design. This wood craft is called kumiko.

Dans le cloisonnement des espaces intérieurs, il existe au Japon des parois coulissantes qui délimitent les pièces distinctes. Elles peuvent être réalisées par des panneaux de papier, uni ou peint. Certains de ces shoji sont sertis de bois taillé finement, formant un dessin géométrique très sophistiqué. Cet artisanat de bois s’appelle kumiko.

Dating back to the Asuka era from the 6th century to 710, the kumiko is said to have appeared during the great temple constructions contemporary with the integration of Buddhism. Prince Shotoku, political leader and regent of the imperial court, ordered a vast campaign of religious building foundations. He is still considered an important figure who contributed greatly to the development of national crafts. Since then, the techniques have been passed on, along with the artistic sensibilities of their craftsmen.

Remontant à l’ère Asuka qui s’étend du VIème siècle à 710, le kumiko serait apparu lors des grandes constructions de temples contemporaines à l’intégration du bouddhisme. Le prince Shotoku, dirigeant politique et régent de la cour impériale, a ordonné une vaste campagne de fondations d’édifices religieux. Il est à ce jour toujours considéré comme une personnalité importante ayant largement contribué au développement des artisanats nationaux. En effet, plusieurs corps de métiers sont intervenus lors de ces chantiers, parmi lesquels le kumiko pour l'agencement intérieur et l'ameublement des temples, et le corpus des traditions esthétiques et des savoir-faire s'est considérablement étoffé à cette occasion. Les artisanats japonais ont alors connu un véritable essor dans leurs développements techniques. Depuis, la transmission n'a jamais cessé et accompagne les sensibilités artistiques contemporaines de leurs artisans.

The wood is first cut very finely. It is then grooved, mortised and fitted with various carpentry tools, such as the plane, chisel and saw. The elements are worked in such a way that they form a lattice of geometric shapes when fitted together. Each of the several hundred elements is detailed one by one, to the nearest tenth of a millimetre, according to the size and angles required to form the initial sketch. The assembly is carried out with very little rice glue but without any nails, although this serves temporarily to hold the pieces together in the assembly stage. The structure is held together by the pressure exerted between the battens.

Kumiko signifie littéralement «&nbsp;joindre le bois&nbsp;».&nbsp;Il consiste à reproduire un dessin grâce à de petits et minces morceaux de bois qui ne tiennent entre eux que par la force qu'ils s'exercent les uns entre les autres. Regardons de plus près les étapes de fabrication. Le bois est tout d’abord taillé très finement. Il est ensuite rainuré, mortaisé puis ajusté à l’aide de plusieurs outils de menuiserie, comme le rabot, le ciseau et la scie. Les éléments sont travaillés de telle sorte qu’ils constituent, une fois emboîtés, un treillis de formes géométriques. De plusieurs centaines, ils sont détaillés un par un, au dixième de millimètre près, en fonction de la taille et des angles nécessaires à la formation de l’esquisse initiale. L’assemblage est réalisé avec très peu de colle de riz mais sans aucun clou, bien que ceci serve temporairement à tenir les pièces dans l’étape du montage. La structure tient grâce à la pression qui s’exerce entre les taillons.

There are over two hundred traditional motifs representing nature or symbols of good fortune. They are carefully selected and positioned to optimise the distribution of light and air circulation or, on the contrary, to provide a more subdued glow. The work can also be appreciated for the scent of the wood used, cypress. This species has the characteristics of being dense and fragrant. Its resistance allows the panels to withstand the pressure and its scent to set the scene for the general atmosphere.

Il existe plus de deux cents motifs traditionnels représentant la nature ou des symboles de bon présage. Ils sont dûment sélectionnés et positionnés afin d’optimiser la distribution de la lumière et la circulation de l’air, ou au contraire, apporter une lueur plus tamisée. L’ouvrage se laisse apprécier également par le parfum qu’exhale le bois utilisé, le cyprès. Imputrécible, cette essence remplit les caractéristiques d’être durable, dense et odorant. Sa résistance permet aux empiècements de supporter la pression et son parfum de mettre en scène une atmosphère générale.&nbsp;&nbsp;

Nowadays, the designs adapt to modern aesthetic trends. Not only tea houses and traditional restaurants or inns decorate their interiors with kumiko shoji, but also bars, hotels and design-conscious individuals. Craftsmen are also expanding their range to include more affordable items such as pencil boxes, lamps, coasters and trays.

De nos jours, les créations s’adaptent aux tendances esthétiques modernes. Ce sont non seulement les maisons de thé et les restaurants ou auberges traditionnels qui décorent leur intérieur avec des shoji en kumiko mais également des bars, des hôtels ou des particuliers férus de design. Les artisans élargissent leur offre en proposant des tableaux à placer contre les murs ou les plafonds, ou encore des articles plus accessibles, comme des boîtes à crayons, des lampes, des sous-verre, des plateaux ou autres accessoires du quotidien.&nbsp; Le kumiko s'emprunte aujourd'hui de modernité, aussi bien dans son usage que dans son esthétique.

L'art du kumiko, comme de la dentelle de bois

On 5 May, we celebrate the happiness of boys. More broadly today, we celebrate the health of children, boys and girls. This day is a holiday dedicated to their existence. Tango no sekku corresponds to the month of the horse (tango), the month of May which corresponds to the change of season (sekku) according to the Chinese calendar. It is one of the festivals of the five seasons during which the changing climate is accompanied by rituals and symbols. Introduced in the Nara period in the 8th century, it marks the beginning of summer. The fragrant rush, an aquatic herbaceous plant, was offered in aristocratic circles for its energizing and protective virtues. It was consumed in the form of soup or herbal tea, or ground into a powder, and was used to treat ailments according to herbal medicine. Successive emperors had it made into decorative items to give to members of the court. Bunches of rush or mugwort leaves were hung from the eaves of houses to protect them from bad luck.

Le 5 mai, on célèbre le bonheur des garçons. Plus largement aujourd’hui, on fête la santé des enfants, garçons et filles. Ce jour, férié, est consacré à leur existence. Tango no sekku correspond au mois du cheval (tango), celui de mai qui correspond au changement de saison (sekku) &nbsp;selon le calendrier chinois. Il fait partie des festivals des cinq saisons durant lesquels l’évolution du climat est accompagnée de rites et symboles. Introduit à l’époque de Nara au VIIIème siècle, il marque le début de l’été. Le jonc odorant, une plante herbacée aquatique, était offert dans les milieux aristocratiques pour ses vertus énergisante et protectrice. Il était consommé sous forme de soupe ou de tisane, ou réduit en poudre, il soignait des maux selon la médecine des plantes. Les Empereurs successifs faisaient confectionner des éléments décoratifs pour en offrir aux membres de la cour. Des bouquets de feuille de jonc ou d’armoise étaient suspendus aux avant-toits des maisons pour les protéger du mauvais sort.&nbsp;

Later, in the Kamakura period from the end of the 12th century, the samurai introduced this festivity. Poking fun at the chobu homonymy between "rush" and "knightly spirit" and the resemblance between the plant and the sword, the great families dedicated the festivity to boys in the same way as the peach festival for girls. Elements of armour, symbolising the protection of the boys, adorned the interiors of the houses and sewn cloths in the shape of koi fish were hoisted in the gardens.&nbsp;Gradually, these rituals spread throughout the Japanese people.

Plus tard, à l’époque de Kamakura depuis la fin du XIIème siècle, les samouraïs ont introduit cette festivité. S’amusant de l’homonymie chobu entre «&nbsp;jonc&nbsp;» et «&nbsp;esprit chevaleresque&nbsp;» et de la ressemblance entre la plante et le sabre, les grandes familles ont consacré la festivité en l’honneur des garçons au même titre que le festival des pêches pour les filles. Des éléments d’armures, symbolisant la protection des garçons ornent l’intérieur des maisons et des toiles cousus en forme de poisson koï sont hissés dans les jardins. &nbsp;Petit à petit, ces rites se développent dans l’ensemble du peuple japonais.

Since 1948, when the law on public holidays was enacted, Tango no sekku has been renamed Kodomono hi, or Children's Day. May 5 is a national day when the Japanese celebrate all children, wishing them joy, health and happiness. Children are involved in their own celebration, for example by folding origami in the shape of a samurai helmet.

Depuis 1948, année où est promulguée la loi sur les jours fériés, Tango no sekku est rebaptisé Kodomono hi, soit le jour des enfants. Le 5 mai est une journée nationale où les Japonais célèbrent tous les enfants, en leur espérant joie, santé et bonheur. Les enfants sont impliqués dans leur propre célébration, par exemple en pliant des origami en forme de casque de samouraï.

Like them, try your hand at this paper art by following the instructions in the photo below. Not having adequate paper is no excuse! Take an A4 sheet of paper that you can get your hands on, join the width and length edge to edge and cut out the excess paper. Unfold and you will have a square piece of paper that will turn into a beautiful creation, fold after fold!

Comme eux, essayez-vous à cet art du papier en suivant les instructions sur la photo ci-dessous. Ne pas avoir de papier adéquat n’est pas une excuse&nbsp;! Prenez une feuille A4 qui vous tombe sous la main, joignez la largeur et la longueur bord à bord et découpez l’excès de papier. Dépliez et vous obtiendrez un papier carré qui se transformera, pli après pli, en une belle création&nbsp;!&nbsp;&nbsp;

Les garçons aussi ont leur fête!

Il y a trois sortes d’expressions japonaises&nbsp;: -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;les iinarawashi sont des locution-phrases proverbiales et équivalent au dicton, -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;les kanyoku sont des expressions idiomatiques -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;les yojijyukugo sont constitués de quatre caractères chinois Il est étonnant de voir comment l’être humain cherche à signifier une même situation avec des expressions très similaires, lesquelles sont pourtant imagées. On peut ainsi noter une certaine universalité dans la perception métaphorique. Nous présenterons dans cet article, destiné à être régulièrement mis à jour pour constituer petit à petit un glossaire, les tournures japonaises identiques, proches ou très différentes de la langue française.&nbsp;

Proverbes japonais et français identiques Jamais deux sans trois&nbsp;: nido aru kotowa sando aru 二度あることは三度ある Celui qui court à la fois deux lièvres n’en prend aucun&nbsp;: nitou wo ou mono wa ittoumo ezu　二兎を追う者は一兎も得ず Dieu seul sait&nbsp;: kami nomizo chiru神のみぞ知る Il n’y a pas de fumée sans feu&nbsp;:&nbsp;火のない所に煙は立たぬ Verser de l’huile sur le feu&nbsp;: hini aburawo sosogu火に油を注ぐ L’herbe est plus verte chez le voisin&nbsp;: tonarino shibafuwa aoku mieru 隣の芝生は青く見える

Proverbes français et japonais proches Une pierre deux coups: isseki nityou 一石二鳥soit&nbsp;une pierre deux oiseaux. Si l’on vise bien, une pierre permet d’attraper deux oiseaux à la fois.&nbsp; Prendre quelqu’un pour un pigeon&nbsp;: kamo ga negi wo shyottekuru 鴨が葱を背負って来る soit le canard vient avec son poireau. La victime d’un escroc est bel et bien de la même espèce mais elle n’est pas représentée par le même volatile. En Japonais, il s’agit d’un canard. L’expression pousse le cynisme encore plus loin car non seulement elle relève du point de vue du malfaiteur, mais également par ce que la victime se présente sous son meilleur jour, à savoir avec un agrément qui le met en valeur dans sa position. &nbsp;«&nbsp;negi&nbsp;» signifie le poireau, servi comme condiment au canard. Le plat de canard n’est que réhaussé et sublimé, tout comme la victime prête à être dévorée en apportant lui-même l’objet de convoitise. Donner de la confiture aux cochons&nbsp;: Buta ni chinjyu豚に真珠soit donner une perle aux cochons. Le cochon ne saura apprécier une perle à sa juste valeur. Sortir des clous&nbsp;: 出る杭は打たれるderu kui ha utareru soit le clou qui dépasse se fait battre. Ici, la comparaison du clou est identique mais non seulement la personne concernée est elle-même comparée à un clou, et de plus, l’expression japonaise va plus loin en suggérant que celui qui n’est pas le rang se fait enfoncer. L’autre point commun est que les deux expressions déplore la malveillance de la dite morale.&nbsp; Être comme chien et chat&nbsp;: ken’en no naka犬猿の仲 soit être comme chien et singe. Dans l’horoscope chinois, la succession des animaux suit leur ordre d’arrivée lorsqu’ils sont venus honorés Dieu. Le chien et le singe, excellents amis, sont partis ensemble mais au fur et à mesure de la course, un esprit de compétition s’est emparé deux. Finalement, le singe est arrivé avant le chien et entre les deux, l’oiseau qui avait été médiateur des deux autres afin d’apaiser les tensions. &nbsp;

Proverbes français et japonais différentes Argent facile&nbsp;: nurete de awa 濡れ手で粟soit se saisir de millet avec une main mouillée. Si l’on trempe sa main mouillée dans un tas de millet, on en attrape beaucoup. Les deux expressions se rejoignent par le sens recherché, à savoir, rapporter un grand bénéfice sans effort. Apporter sa pierre à l’édifice&nbsp;: tiri mo tsumoreba yama to naru塵も積もれば山となるsoit la poussière qui s’accumule devient une montagne. Comparer l’incomparable&nbsp;: tuki to suppon&nbsp;月と鼈soit la lune et la tortue d’eau douce. Elles ont le point commun d’être rondes mais si l’une est belle et brille, l’autre vit dans la vase et a un aspect peu esthétique. Récolter ce que l’on sème&nbsp;: mikara deta sabi 身から出た錆soit la rouille sécrétée par le corps. Si on n’entretient pas son outil, celui-ci rouille. En comparant le corps de lame d’un couteau au corps humain, la rouille marque la négligence et donc les conséquences de nos actes. La loi de la jungle&nbsp;: jyankuniku kyousyoku 弱肉強食soit corps faible appétit féroce. Les animaux fragiles sont les proies des animaux féroces. Ces expressions se réunissent par leur sens de la loi du plus fort. Les plus forts tirent bénéfices des autres plus faibles.

Quelques expressions quotidiennes 

Yùzen, known for kimonos, consists of painting on textiles. From the dyeing of the fabric, through the numerous finishing techniques, this craft requires a dexterity and artistic sensitivity that blossoms through the drawings made with a brush and the finishes worked by depositing materials such as gold leaf or embroidery. Since 1976, yūzen has been recognised and protected by the Japanese government as a traditional craft.

Le Yùzen, connu pour les kimonos, consiste à peindre sur du textile. Depuis la teinture du tissu, en passant par les nombreuses techniques d’apprêt, cet artisanat demande une dextérité et une sensibilité artistique qui s’épanouissent à travers les dessins réalisés au pinceau et les finitions travaillées par dépôt de matières tels que des feuilles d’or ou des broderies. Depuis 1976, le&nbsp;yūzen&nbsp;est reconnu et protégé par le gouvernement japonais au titre d'artisanat traditionnel.

Founded by the fan painter Yùzen Miyazaki, its origins date back to the Edo era, in the 17th century. His accessories being very popular, he decided to answer a particular demand: to paint on a kimono. The success was immediate and the Yùzen style, with its variety of colours and curves representing plants, animals and landscapes, quickly spread. When he moved to the feudal domain of Kaga for a commission, a local aesthetic developed in turn. Today, there are three currents; those of Kyoto, Kaga and Edo, which are distinguished by their characteristic elegance.&nbsp; The techniques used to prepare and perfect the drawing stages are attributed to the artist, but there is no documentation of this. Miyazaki was the forerunner of this craft, but he is said to have only initiated an aesthetic corpus in kimono designs. Later, in order to improve detail, craftsmen introduced wax to delineate areas of paint to avoid ink smudges and to make the designs sharper. In the Meiji era, Jisuke Hiroshi introduced block printing, which streamlined the manufacturing process. By using primers and chemical dyes, several steps are eliminated and the colour palette is multiplied. Thus, many kimono dyeing factories appeared and the Yùzen style was democratised. Today, stencils belong to the techniques of this craft as well as brush drawing.

Fondé par le peintre sur éventail Yùzen Miyazaki, son origine remonte à l’ère Edo, au XVIIème siècle. Ses accessoires étant très prisés, il a décidé de répondre à une demande particulière&nbsp;: celle de peindre sur un kimono. Le succès fut immédiat et le style Yùzen, avec sa variété de couleurs et les courbes représentant végétaux, animaux et paysages s’est vite répandu. Lorsqu’il s’est déplacé au domaine féodal de Kaga pour une commande, une esthétique locale s’est à son tour développée. Aujourd’hui, il existe trois courants&nbsp;; ceux de Kyoto, Kaga et Edo, qui se distinguent par leur élégance caractéristique. Les techniques employées pour préparer et parfaire les étapes du dessin sont attribuées à l’artiste mais aucun document ne l’atteste. Miyazaki a été le précurseur de cet artisanat mais il n’aurait qu’initier un corpus esthétique dans les motifs de kimono. Par la suite, afin d’améliorer les détails, les artisans ont introduit la cire pour délimiter les zones de peinture permettant d’éviter les bavures d’encre et de rendre les motifs plus nets. A l’ère Meiji, Jisuke Hiroshi a introduit l’impression à la planche qui a eu pour conséquence de rationnaliser le processus de fabrication. En usant d’apprêts et de teintures chimiques, plusieurs étapes sont supprimées et la palette de couleur s’est multipliée. Ainsi, de nombreuses manufactures de teinture sur kimono sont apparues et &nbsp;le style Yùzen s’est démocratisé. Aujourd’hui, les pochoirs appartiennent aux techniques de cet artisanat au même titre que le dessin au pinceau.

The traditional process of Yùzen includes many stages. It begins with a sketch on paper, which is copied onto the fabric using a natural ink composition that fades on contact with water. The outlines of the designs are then outlined by applying a rice or rubber paste using a very small piping bag to prevent the colours from mixing. This stage of the Itome-nori is emblematic of the Yùzen. It makes the background colour appear through the edges of the final design. As for the general dyeing of the fabric, it is applied by brushing, before or after the drawing, depending on the ingredient used in the itome-nori paste. In order to fix the preparation and avoid colour smears, a mixture of soybean broth and seaweed starch is spread on the back of the fabric. This step also precedes the application of the background colour. This is followed by the selection and preparation of the colours. The painting is then carried out inside the contours, using brushes of varying fineness, as numerous as the variety of colours, some of which are bevelled to add nuances. The textile is then steamed in order to fix the colours of the patterns. If the background dyeing is still to be done, the designs are first covered with a mixture of salt, glutinous rice and rice bran and then with cypress sawdust to protect them.&nbsp;Finally, the fabric is steamed before the primers and excess dye are washed off in artificial rivers. It is then ironed and possibly decorated with gold leaves or embroidery. The kimono has not yet been sewn and several skilled craftsmen have had to intervene.

Le processus traditionnel du Yùzen comprend de nombreuses étapes. Il commence par l’esquisse sur papier, recopiée sur le tissu à l’aide d’une encre de composition naturelle qui s’efface au contact de l’eau. Les contours des motifs sont ensuite délimités par la pose d’une pâte à base de riz ou d’hévéa à l’aide d’une poche à douille de très petite taille afin d’empêcher le mélange des couleurs. Cette étape de l’Itome-nori est emblématique du Yùzen. Elle fait apparaître la couleur de fond à travers les pourtours du dessin final. Quant à la teinture générale du tissu, elle est appliquée par brossage, avant ou après le dessin, en fonction de l’ingrédient utilisé dans la pâte de l’itome-nori. Pour fixer la préparation et éviter les bavures de couleurs, un mélange de bouillon de soja et d’empois d’algue est étalé au verso du tissu. Cette étape précède également la pose de la couleur de fond. S’ensuit la sélection puis la préparation des couleurs. Par la suite, la peinture est réalisée à l’intérieur des contours, à l’aide de pinceaux plus ou moins fins, aussi nombreux que la variété des couleurs et dont certains sont &nbsp;biseautés pour apporter des nuances. Le textile est par la suite cuit à la vapeur afin de fixer les couleurs des motifs. Si la teinture de fond reste à réaliser, les dessins sont au préalable recouverts d’une mixture de sel, de riz gluant et de son de riz puis de sciure de cyprès pour les protéger. Le tissu est cuit à la vapeur avant que les apprêts et les excès de teinture ne soient lavés dans des rivières artificielles. Il est enfin repassé et éventuellement décoré de feuilles ou de broderies d’or. Le kimono n’est pas encore cousu que plusieurs artisans qualifiés ont dû intervenir.

What about Yùzen today? As in many traditional crafts, the next generation is struggling to be assured. The instability of income and the precarious situation of the status hardly attract the young generation. How can one imagine that painting on a kimono textile, a garment worn only on rare festive occasions or by a small section of the Japanese population on a daily basis, ensures economic stability? The young craftsmen try to perpetuate the know-how of their ancestors by redoubling their imagination.

Qu’en est-il du Yùzen aujourd’hui&nbsp;? Comme dans nombre d’artisanats traditionnels, la relève peine à être assurée. L’instabilité des revenus et la situation précaire du statut n’attirent guère la jeune génération. Comment imaginer que la peinture réalisée sur un textile de kimono, vêtement porté qu’en de rares occasions festives ou par une petite tranche de la population japonaise au quotidien, assure une stabilité économique&nbsp;?&nbsp;Les jeunes artisans tentent vaille que vaille de perpétuer le savoir-faire de leurs ancêtres en redoublant d’imagination.&nbsp;

Kana Mizuno, a young Yùzen craftswoman in her early twenties, accompanies her work with initiatives to promote her art. On social networks, she publishes her activities and makes the general public aware of the challenges of transmitting traditional cultures. To do this, she shows her workshop, reveals the stages of production and expands the range of products. She "wants a bit of Japanese tradition to accompany the daily lives of [her] compatriots". She paints on card holders or fans and organises initiation workshops. Freed from any membership in a craftsmen's union, she takes the freedom to create and tries to break the shackles of tradition. While respecting the three hundred year old techniques, she incorporates her artistic sensitivity into her works and wishes to develop her own "Mizuno" trend. She is inspired by works of art from all over the world and does not hesitate to integrate a certain modernity into her works to dust off her craft. On her online site, she goes so far as to present the artisans of her discipline who, however, are competitors. "I'm not the only one in this business, many young people are doing it. According to her, the Japanese government should be concerned about the situation of craftsmen and take measures to protect her fellow students.

Kana Mizuno, jeune artisane Yùzen d’une vingtaine d’année, accompagne son travail d’initiatives visant la promotion de son art. Sur les réseaux sociaux, elle publie ses activités et sensibilise le grand public aux enjeux de la transmission des cultures traditionnelles. Pour cela, elle montre son atelier, révèle les étapes de fabrication et élargit la gamme de produits. Elle «&nbsp;souhaite qu’un peu de tradition japonaise accompagne le quotidien de [ses] compatriotes&nbsp;». Elle peint sur des porte-cartes ou des éventails et organise des ateliers d’initiation. Affranchie d’une quelconque appartenance à un syndicat d’artisans, elle prend la liberté de création et tente de casser le carcan des traditions. Tout en respectant les techniques tricentenaires, elle incorpore dans ses œuvres sa sensibilité artistique et souhaite développer son propre courant «&nbsp;Mizuno&nbsp;». Elle s’inspire d’œuvres d’art de tous horizons et n’hésite pas à intégrer une certaine modernité dans ses ouvrages pour dépoussiérer son métier. Sur son site en ligne, elle va jusqu’à présenter les artisans de sa discipline qui, pourtant, &nbsp;sont des concurrents. «&nbsp;Je ne suis pas la seule dans ce métier, beaucoup de jeunes exercent&nbsp;». Selon elle, l’Etat japonais devrait se préoccuper de la situation des artisans, connus pour leur humble discrétion, et s’engager dans des mesures qui protégeraient ses condisciples.&nbsp;

It is difficult to know how many Yùzen craftsmen are working today. The only existing statistics are those of the unions, three in the Kyoto region alone, and these only take into account the members. Kana Mizuno makes us realise that being a craftsman in the 21st century is also a militant act to defend a material ecology and the perpetuation of ancestral techniques.

Il est difficile de savoir combien d’artisans Yùzen existent aujourd’hui. Les seules statistiques accessibles sont celles des syndicats, au nombre de trois pour la seule région de Kyoto, et celles-ci ne prennent en compte que les adhérents. Kana Mizuno nous fait réaliser qu’être artisan au XXIème siècle est également un acte militant pour défendre une écologie matérielle et la perpétuation des techniques ancestrales.&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Discover her work and get her creations on her Instagram account: <a href="https://www.instagram.com/mizuno_yuzen/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">https://www.instagram.com/mizuno_yuzen/</a>

Venez découvrir son travail et vous procurer ses créations sur son compte Instagram&nbsp;:<a href="https://www.instagram.com/mizuno_yuzen/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">https://www.instagram.com/mizuno_yuzen/</a>

Yùzen, the art of painting on kimono

Le Yùzen, l’art de peindre sur un kimono

In Japan, the gift always calls for a counter-gift. So the present of 14 February invites the return. This is how March 14, the "white day", comes to life. Let's first talk about Valentine's Day as it takes place in Japan. Unlike in France, where it is the man who offers a gift to his sweetheart, his counterpart in the land of the rising sun is in the position of the recipient and it is always chocolate. It is the woman who takes the lead. As you may have guessed, the codes are very different!

Au Japon, le don appelle toujours le contre don. Aussi, le présent du 14 février invite celui du retour. Ainsi s’anime le 14 mars, le «&nbsp;white day». Parlons d’abord de la Saint Valentin telle qu’elle se déroule au Japon. Contrairement en France où c’est l’homme qui offre un cadeau à sa dulcinée, son homologue du pays du soleil levant est dans la position de celui qui reçoit et c’est toujours du chocolat. C’est la femme qui prend les devants. Comme vous l’aurez deviné, les codes sont très différents!

First of all, many Japanese men are given chocolate, and not only the lovers. Lovesick men are not left by the wayside. In fact, there are two types of "tchoco". The "giri tchoco", which is given out of duty, and the "honmei tchoco", which is offered to the loved one. The gift is a real cultural fact, which punctuates the year and marks the relationship between two individuals. When you regularly meet someone, you show your gratitude and your desire to nurture a relationship of friendship, group and work. This is why, on 14 February, an office worker will not only think of her loved one, but will also buy "duty chocolates" which she will distribute to all her colleagues. In return, they will give her a symbolic gift, a gadget or a trendy pastry. While the 'giri tchoco' is meant to maintain group relations, the 'honmei tchoco' is surrounded by much more solemnity. It is obviously the one that most single men want to receive, some of whom are disappointed to learn that they are only receiving a 'giri tchoco' from a woman they love. Social obligation is sometimes ferociously cruel.

Tout d’abord, beaucoup d’hommes japonais reçoivent du chocolat, et pas seulement les amoureux. Les hommes en mal d’amour ne sont pas laissés sur le bord de la route.&nbsp;De fait, il y a deux types de «&nbsp;tchoco&nbsp;». Le «&nbsp;giri tchoco&nbsp;», celui que l’on donne par devoir, et le «&nbsp;honmei tchoco&nbsp;», offert à l’homme aimé. Le don est un véritable fait culturel, qui ponctue l’année et marque la relation entre deux individus. Quand on côtoie régulièrement quelqu’un, on lui témoigne matériellement sa reconnaissance et son souhait de nourrir une relation d’amitié, de groupe, de travail. C’est pourquoi, le 14 février, une employée de bureau ne se contentera pas de penser à l’élu de son cœur mais elle achètera également «&nbsp;des chocolats du devoir&nbsp;» qu’elle distribuera à l’ensemble de ses collègues. En retour, ces derniers lui offriront un cadeau symbolique, un gadget ou une pâtisserie à la mode. Si le «&nbsp;giri tchoco&nbsp;» trouve son sens dans l’entretien des relations de groupe, le «&nbsp;honmei tchoco&nbsp;» est entouré de beaucoup plus de solennité. Il est évidemment celui que veulent recevoir la plupart des hommes célibataires, dont certains sont déçus d’apprendre qu’ils ne reçoivent qu’un «&nbsp;giri tchoco&nbsp;» de la part d’une femme qu’il aime. L’obligation sociale est parfois d’une cruauté féroce.&nbsp;

February 14 is celebrated by all Japanese youth, and it starts in the schoolyard. This is the day when girls get the courage to confess their love. They research the chocolate maker of the moment, take care of the packaging, and the bravest ones make a chocolate pastry themselves, accentuating the committed and intimate dimensions of the gift. Indeed, in Japan, a romantic relationship must begin with a declaration of love. Kissing and physical contact come later in stages, when love is shared. Boys wait to receive them and compete to see how many "giri tchoco" and "honmei tchoco" they have received, the former obviously being more important than the latter. The social learning begins at school as the girls will be waiting with bated breath for 14 March. While in France, Lovers' Day is for couples who are already together, in Japan it can be the first day of a romantic relationship. At the same time, Japanese couples don't mind reserving this date for themselves, for a restaurant or an intimate day out.

Le 14 février est fêté par l’ensemble des jeunes Japonais, et cela commence dans les cours d’école. C’est le jour où les filles se donnent le courage d’avouer leur flamme. Elles font des recherches pour savoir quel est le chocolatier du moment, soigne l’emballage, et les plus courageuses confectionnent elles-mêmes une pâtisserie au chocolat, accentuant les dimensions engagée et intime du don. En effet, au Japon, une relation amoureuse doit commencer par une déclaration d’amour. Le baiser et les contacts physiques viennent après par étape, lorsque l’amour est partagé. Les garçons, eux, attendent d’en recevoir et se font la compétition pour savoir combien ils ont reçu de «&nbsp;giri tchoco&nbsp;» et de «&nbsp;honmei tchoco&nbsp;», le premier étant évidemment plus côté que l’autre. L’apprentissage social commence à l’école puisque les filles attendront de pieds fermes le 14 mars.&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si, en France, la journée des amoureux concernent les couples déjà formés, au Japon, il peut être le premier jour d’une relation romantique. Dans le même temps, les couples japonais ne s’empêchent de se réserver cette date, pour un restaurant ou une journée en toute intimité. &nbsp;

un mois après la Saint Valentin, c'est le white day!

The hinamatsuri, literally a doll festival, is held every year on March 3. It celebrates the good health of girls as the warmth of spring dawns. Before the Japanese adopted the Gregorian calendar, the date coincided with the blossoming of the peach tree around April. The peach tree is still the symbol of this festival and is used in the decorations, which are often lavish and extremely detailed. Little girls prepare for this festivity by setting up dolls, sometimes handed down from generation to generation.

Le hinamatsuri, littéralement festival de poupées, a lieu chaque année le 3 mars. Il célèbre la bonne santé des filles alors que la douceur du printemps pointe le bout de son nez. Avant que les Japonais n’adoptent le calendrier grégorien, la date coïncidait avec la floraison du pêcher, vers le mois d’avril. Aussi, cet arbre fruitier demeure le symbole de cette fête et ornent les décorations, souvent fastueuses et extrêmement détaillées. Les petites filles préparent cette festivité en installant les poupées, parfois transmises de génération en génération.&nbsp;

This celebration is part of the "five seasonal festivals", the go-sekku, and corresponds to each change of season. The imperial court of the Heian era (794-1185) organised banquets with specific dishes. The appearance of dolls came later, in the 17th century, thanks to Princess Oki-ko's ladies-in-waiting, who gave her figurines and accessories to play with. Thus, when Okiko came to the throne, the momo-no sekku (fishing festival) officially became hinamatsuri (doll festival). Since then, doll makers have been making elaborate effigies of empresses, emperors, court members and everyday objects. According to a statistical survey by the Japanese Ministry of Economy and Industry, there are now more than eighty manufacturers with a turnover of 50 million euros. These figures show the current success.

Cette célébration fait partie des «&nbsp;cinq festivals de saison&nbsp;», le go-sekku, et correspond à chaque changement de saison. La cour impériale de l’ère Heian (794-1185) organisait des banquets avec des plats spécifiques. L’apparition des poupées arrivera plus tard, au XVIIème siècle, grâce aux dames de compagnie de la princesse Oki-ko qui lui attribuèrent des figurines et des accessoires pour qu'elle y joue. Ainsi, lorsque Okiko accède au trône, le momo-no sekku (fête de la pêche) devint officiellement hinamatsuri (festival de poupées). Depuis, les fabricants de poupées confectionnent des effigies élaborées d’impératrice, d’empereur, des membres de la cour mais également des objets du quotidien.&nbsp;Selon une enquête statistique du ministère de l’économie et de l’industrie japonais, il existe aujourd’hui plus de quatre-vingt fabriquants réalisant un chiffre d’affaire de 50 millions d’euros. Ces chiffres témoignent du succès actuel.&nbsp;

The dolls are arranged on a staircase of up to seven levels. The steps are covered with a red felt carpet on which the dolls and many accessories are placed. At the top are the emperor and empress, then from top to bottom, three court ladies, five musicians, two ministers on either side of a bowl and tricoloured mochi, three servants between two trees, and finally, objects and furniture from the imperial daily life adorn the last two rows.&nbsp;Not all families put on all of these elements. Depending on the means, the scale differs. However, they always make sure that the couple is present. Some little girls make the figures themselves with origami, thus providing a moment of conviviality and a creative and educational activity.

Les poupées sont disposées sur un escalier pouvant aller jusqu’à sept niveaux. Les marches sont recouvertes d’un tapis en feutre rouge sur lequel trônent les poupées ainsi que de nombreux accessoires. Tout en haut se trouvent l’empereur et l’impératrice puis, de haut en bas, trois dames de cour, cinq musiciens, deux ministres de part et d’autre d’un bol et de mochi tricolore, trois serviteurs entre deux arbres, et enfin, des objets et meubles du quotidien impérial ornent les deux derniers rangs.&nbsp;&nbsp;Toutes les familles ne mettent pas la totalité de ces éléments. En fonction des moyens, l’envergure diffère. Cependant, elles s’assurent toujours que le couple soit présent. Certaines petites filles fabriquent elle-même les figurines avec des origamis, occasionnant ainsi un moment de convivialité et d’activité créative et pédagogique.&nbsp;

Dolls have long been artefacts, substituting for the little girl to ward off bad luck and evil spirits. In times of high infant mortality, an anthropomorphic amulet was placed under the child's pillow and then thrown into the river or burned at the shrine to ward off the evil spirit it had attracted. This tradition has not lasted, but superstition dictates that the dolls should be put away the next day, otherwise the young girl will marry late. For a long time, mothers gave their dolls to their daughters as part of their wedding trousseau. However, this practice is becoming less common, mainly because of the wear and tear of the dolls, but also because of the appeal of new dolls. Manufacturers offer a plethora of products in a variety of styles.

Les poupées ont longtemps été des artefacts, substituant la petite fille pour conjurer le sort et détourner le mauvais esprit. Au temps où la mortalité infantile étaient importante, une amulette anthropomorphe était posée sous l’oreiller de l’enfant puis jetée à la rivière ou brûlée au sanctuaire pour se défaire des maléfices qu’elle avait attirés. Cette tradition n’a pas perduré mais la superstition veut que les poupées soient rangées dès le lendemain, sous peine que la jeune fille se marie tardivement. Pendant longtemps, la mère offrait ses poupées à sa fille, composant entre autres éléments, le trousseau de mariage. Toutefois, cette transmission tend à reculer, notamment à cause de l’usure des figurines mais également en raison de l’attrait du neuf. Les offres proposées par les fabricants sont pléthoriques et variées dans les styles.&nbsp;

Drinks and food accompany this rite of passage. The amazake, a rice drink with little or no alcohol, the hina-arare, sweet rice biscuits, the chirashi, rice topped with slices of raw fish, as well as a shellfish soup symbolising the united partners of a couple.

Des boissons et des plats accompagnent ce rite de passage. Le amazake, boisson de riz peu ou non alcoolisée, les hina-arare, des biscuits de riz sucrées, le chirashi, du riz surmonté de tranches de poissons crus, ainsi qu’une soupe de coquillages symbolisant les partenaires unis d’un couple.&nbsp;&nbsp;&nbsp;

La fête des filles 

Originally, setsubun is the set of dates in the lunar calendar that precede the transition from one season to another. During these days, man is vulnerable to the change of climate and his body requires a period of physiological adaptation. This sensitivity to the external environment was attributed to the harmful energies of demons. Thus, exorcism ceremonies were held in palaces and temples between the 8th century and the Edo period (1603-1868) when the ritual became more democratic and focused exclusively on marking the beginning of spring.

À l’origine, setsubun est l’ensemble des dates du calendrier lunaire précédant le passage d’une saison à une autre. Pendant ces jours, l’homme se trouve vulnérable au changement du climat et son corps demande une période d’adaptation physiologique. Cette sensibilité à l’environnement extérieur était attribuée aux énergies néfastes émanant des démons. Ainsi, des cérémonies d’exorcisation se déroulaient au sein des palais et des temples entre le VIIIème siècle et l’ère d’Edo (1603-1868) où le rituel s’est démocratisé et s’est concentré exclusivement pour marquer le début du printemps.

Setsubun consists of throwing soybeans outwards while shouting "demons out, happiness in". The aim is to chase away the evil that is trying to invade the home and to attract good fortune. In the history of this ritual, we can observe throws of rice, wheat or even coal. However, it is soy beans that have become widespread because of their cost and accessibility. Moreover, the Japanese attributed to them the virtue of driving out demons. In fact, the word Mame, bean, can be understood as the eye of the devil or the destruction of the devil.&nbsp; The date differs from year to year as it is taken from the lunar calendar. This ritual coincides with the first solar period traditionally marking the beginning of the year and the start of spring, between the second and fourth of February. At this time, mamemaki kits, thrown with beans, are sold in supermarkets. In addition to the soybeans, there is a mask for a parent to play the oni, the evil person. The child runs after the oni, chanting the formula mentioned above.

Le setsubun consiste à lancer des graines de soja vers l’extérieur en criant «&nbsp;les démons dehors, le bonheur dedans&nbsp;». Il s’agit de chasser le mal qui tente d’envahir les foyers et&nbsp;d’attirer la bonne fortune. On observe dans l’histoire de ce rituel des lancés de riz, de blé ou encore de charbon. Or ce sont les haricots soja qui se sont généralisés pour leur coût et leur accessibilité.&nbsp;Par ailleurs, les Japonais leur attribuaient la vertu de chasser les démons. En effet, par jeu de mots, Mamé, haricot, peut être entendu comme œil du démon ou encore destruction de démon.&nbsp; La date diffère d’une année à l’autre car elle est tirée du calendrier lunaire. Ce rituel coïncide avec la première période solaire marquant traditionnellement le début de l’année et le début du printemps, entre le deux et le quatre février.&nbsp;A cette période, des kits de mamémaki, lancé de haricots, sont vendus dans les supermarchés. En plus des graines de soja, on y trouve un masque pour qu’un parent joue le oni, cet être incarnant le mal. L’enfant lui court après en scandant la formule citée plus haut.

Even today, ceremonies are organised in the temples, and the cries of children, hunters of evil, resound at the beginning of February in every home.

Encore aujourd’hui, des cérémonies sont organisées dans les temples, et des cris d’enfants, chasseurs de mal, résonnent en ce début du mois de février dans chaque foyer.&nbsp;

Here we are, halfway between winter and spring. The days are getting longer and longer, and our mood is coming out of its gloomy state with the arrival of the first buds. This pivotal moment is nevertheless a sensitive passage in the Japanese imagination. Between each season, evil foeces try to find their way to attack humans. To defend themselves, rituals are organised to chase away the evil spirits. This is the setsubun.

Nous voilà à mi-chemin entre l’hiver et le printemps. Les journées se prolongent à vue d’œil et notre humeur sort de sa morose avec l’arrivée des premiers bourgeons. Ce moment charnière est pourtant un passage sensible dans l’imaginaire des Japonais. Entre chaque saison, des foeces maléfiques tentent de se frayer un chemin pour mieux s’attaquer à l’homme. Pour se défendre, des rituels s’organisent en vue de chasser les mauvais esprits. C’est le setsubun.

Throw beans and hunt demons!

Lancez des haricots et chassez les démons!

Les Japonais ne manquent pas de petites intentions dans leur quotidien. Par des formules simples et ancrées dans la vie de tous les jours, ils témoignent de leur affection et de leur respect aux plus proches. Nous verrons en premier lieu comment les Japonais se quittent le matin pour se retrouver le soir. Puis dans un second temps, comment ils célèbrent les repas et la valeur d’un acte aussi anodin que vital.

Les Japonais ne manquent pas de petites intentions dans leur quotidien. Par des formules simples et ancrées dans la vie de tous les jours, ils témoignent de leur affection et de leur respect aux plus proches. Nous verrons en premier lieu comment les Japonais se quittent le matin pour se retrouver le soir. Puis dans un second temps, comment ils célèbrent les repas et la valeur d’un acte aussi anodin que vital.

Ittekimasu C’est une combinaison de «&nbsp;je vais et je viens&nbsp;» et annonce le départ de son domicile. Quand on sort pour aller au travail ou ailleurs, la personne avec qui l’on vit est informé de notre départ mais également de notre intention de revenir. La vie étant imprévisible, on tente d’anticiper le sort en témoignant son désir de rentrer. &nbsp;Itterasshai Ce terme est le répondant à Ittekimasu. Littéralement «&nbsp;va&nbsp;et reviens », on signifie l’attente du retour et l’espoir que la sortie se déroule sans danger. Tadaima Littéralement «&nbsp;présentement&nbsp;», il annonce le retour à la maison. C’est une formule elliptique de «&nbsp;je viens de rentrer maintenant».&nbsp; Okaerinasai Cette expression répond à la précédente. Elle est prononcée par la personne qui accueille le retour. Elle est également une ellipse,&nbsp;«&nbsp;Tu es bien rentré&nbsp;» et exprime la joie de voir rentrer la personne. Ces quatre formules sont prononcés par couple «&nbsp;ittekimasu/itterasshai&nbsp;» «&nbsp;tadaima/okaerinasai&nbsp;». L’un peut précéder l’autre sans distinction d’ordre mais les deux termes résonnent toujours au sein d'un échange. C'est comme un binôme de mots inséparables qui marque la mutualité des sentiments.&nbsp;

Ittekimasu C’est une combinaison de «&nbsp;je vais et je viens&nbsp;» et annonce le départ de son domicile. Quand on sort pour aller au travail ou ailleurs, la personne avec qui l’on vit est informé de notre départ mais également de notre intention de revenir. La vie étant imprévisible, on tente d’anticiper le sort en témoignant son désir de rentrer. &nbsp;Itterasshai Ce terme est le répondant à Ittekimasu. Littéralement «&nbsp;va&nbsp;et reviens », on signifie l’attente du retour et l’espoir que la sortie se déroule sans danger. Tadaima Littéralement «&nbsp;présentement&nbsp;», il annonce le retour à la maison. C’est une formule elliptique de «&nbsp;je viens de rentrer maintenant». &nbsp; Okaerinasai Cette expression répond à la précédente. Elle est prononcée par la personne qui accueille le retour. Elle est également une ellipse, &nbsp;«&nbsp;Tu es bien rentré&nbsp;» et exprime la joie de voir rentrer la personne. Ces quatre formules sont prononcés par couple «&nbsp;ittekimasu/itterasshai&nbsp;» «&nbsp;tadaima/okaerinasai&nbsp;». L’un peut précéder l’autre sans distinction d’ordre mais les deux termes résonnent toujours au sein d'un échange. C'est comme un binôme de mots inséparables qui marque la mutualité des sentiments. &nbsp;

Itadakimasu Sa traduction littérale est «&nbsp;je reçois&nbsp;» dans le registre de la modestie. Cette expression s’emploie en début de repas et s’adresse à la personne qui a préparé les plats, ainsi qu’à ceux qui ont produit les aliments. Elle témoigne également de la reconnaissance envers la nature qui procure la nourriture et envers les animaux et les végétaux. On y décèle un concept de réception et de gratitude, particulièrement chez les Japonais qui joignent les mains lorsqu’ils le prononcent. Gotchisousama C’est par cette expression que le convive annonce qu’il a terminé le repas. Il signifie le remerciement. Si l’on décortique les caractères utilisés, on observe les marques de déférence au début et à la fin du mot&nbsp;: go puis sama. tchisou signifie le mouvement de quelqu’un qui s’affaire. On comprend ici une marque de reconnaissance envers la personne qui s’est employée à nourrir ses convives. Par extension linguistique, gotchisou est devenu «&nbsp;met d’exception&nbsp;».&nbsp;&nbsp;

Itadakimasu Sa traduction littérale est «&nbsp;je reçois&nbsp;» dans le registre de la modestie. Cette expression s’emploie en début de repas et s’adresse à la personne qui a préparé les plats, ainsi qu’à ceux qui ont produit les aliments. Elle témoigne également de la reconnaissance envers la nature qui procure la nourriture et envers les animaux et les végétaux. On y décèle un concept de réception et de gratitude, particulièrement chez les Japonais qui joignent les mains lorsqu’ils le prononcent. Gotchisousama C’est par cette expression que le convive annonce qu’il a terminé le repas. Il signifie le remerciement. Si l’on décortique les caractères utilisés, on observe les marques de déférence au début et à la fin du mot&nbsp;: go puis sama. tchisou signifie le mouvement de quelqu’un qui s’affaire. On comprend ici une marque de reconnaissance envers la personne qui s’est employée à nourrir ses convives. Par extension linguistique, gotchisou est devenu «&nbsp;met d’exception&nbsp;». &nbsp;&nbsp;

Petites intentions quotidiennes dans un échange de mots

In Japan, space is a highly symbolic place, with nooks and crannies reserved for specific functions. It has a practical but also a spiritual meaning, very often in a mixture of sacred and profane dimensions.&nbsp; To understand the Japanese relationship to space, there is nothing more relevant than to observe their behaviour at home.&nbsp;

Au Japon, l’espace est un lieu hautement symbolique, avec des coins et recoins réservés à des fonctions spécifiques. On y décèle un sens pratique mais également spirituel, très souvent dans un mélange de dimensions sacrée et profane. Pour comprendre le rapport à l’espace des Japonais, il n’y a rien de plus pertinent que d’observer leurs comportements au domicile.&nbsp;

When you walk through the door of a flat or a house, you arrive at the threshold. You see shoes next to each other, and a cupboard for storing them. If you are a guest, you should make sure you are wearing clean socks with no holes in them! You take off your shoes and direct your pumps, moccasins, or other, towards the exit. This gesture is very important for the Japanese, it is inculcated from a very young age. Finally, you will cross a small step because the dwelling is raised from the threshold where the continuity of the exterior ends and the transition to the interior takes place. Don't worry, you won't be barefoot for long as everything is provided. Slippers will be provided, and there are always several pairs reserved for guests.&nbsp;

Quand on franchit la porte d’un appartement ou d’une maison, on arrive au seuil. On y voit des chaussures les unes à côté des autres, et un meuble réservé à leur rangement. Attention, si vous êtes invité, vous devez vous assurer par avance de porter des chaussettes propres et non trouées&nbsp;! Vous vous déchaussez et dirigez vos escarpins, mocassins, ou autres, vers la sortie. Ce geste est très important pour les Japonais, il est inculqué dès le plus jeune âge. Enfin, vous franchirez une petite marche car le logement est surélevé par rapport au seuil où la continuité de l’extérieur prend fin et où la transition vers l’intérieur s’opère. Ne vous inquiétez pas, vous ne resterez pas pieds nus bien longtemps puisque tout est prévu. Des chaussons vous seront proposés, il y en a toujours plusieurs paires réservées aux invités.&nbsp;

&lt;div&gt;&lt;br class="Apple-interchange-newline"&gt;Near the entrance is the toilet. In case of need, you will find another pair of slippers reserved for the small corner. You don't want to contaminate the other rooms with suspicious fluids. You take off your shoes and put them back on again, then again when you leave. The toilet is also very special as it is entirely electric. If you get the cream of the crop, you'll see the seat lift up as you approach the throne. When you take your seat, you don't get that raging thrill, which you can't do anything about back home in France, as the seat is heated to body temperature. After your business, you can experiment with the integrated shower. For the more discreet, you can set off a sound that disguises any indiscreet noises. You won't hear Beethoven's Fifth Symphony or Brahms' Lullaby, but simply the sound of the toilet flushing.

Près de l’entrée se trouvent les toilettes. En cas de besoin, vous trouverez une autre paire de chaussons réservée au petit coin. Il ne faudrait pas souiller les autres pièces de fluides suspects. Vous vous déchaussez pour vous rechaussez puis rebelote quand vous en sortez. Le toilette est lui aussi très particulier puisqu’il est entièrement électrique. Si vous avez droit à la crème de la crème, vous verrez l’abattant se soulever quand vous vous approcherez du trône. Lorsque vous prenez place, vous n’avez pas ce frisson rageant, contre lequel vous ne pouvez rien chez vous en France, puisque la lunette est chauffée à la température corporelle. Après votre affaire, vous pouvez expérimenter la douchette intégrée. Pour les plus pudiques, il est possible de déclencher un son qui camoufle les bruits indiscrets. Vous n’aurez pas droit à la cinquième symphonie de Beethoven ni à la berceuse de Brahms, mais tout simplement au bruitage de la chasse d’eau.&nbsp;

Let's move on to the main room of the household, the living room. This space is similar to ours, with a sofa, coffee table and television, except for a few details. An ancestral altar is present among the older generation, less so among the younger generations who are waiting to inherit it. It is a raised piece of furniture with a meditation bowl and stick, a censer and wooden statuettes that can be bought from a temple. There are also portraits of the deceased, and every day for the most assiduous, a different offering. The practice is less common today, but all Japanese have had the opportunity to join hands and pay their respects, even within a home. Sometimes an adjoining room with tatami and a painting or calligraphy on a silk scroll hanging on the wall is the perfect resting place. In the past, this area was used to serve tea from a small rack embedded in the floor. Literally called the "guest area", it will welcome you with tea and a Japanese delicacy prepared in the kitchen, the rack having disappeared today.&nbsp;

Passons maintenant à la pièce principale de la maisonnée, le séjour. Cet espace est semblable au nôtre avec un canapé, une table basse et un poste de télévision, à quelques détails près. Un autel aux ancêtres est présent chez les plus âgés, moins auprès des plus jeunes générations qui attendent d’en hériter. Il s’agit d’un meuble surélevé dans lequel se trouvent un bol de méditation et son bâton, un encensoir et des statuettes en bois que l’on se procure auprès d’un temple. On y voit également des portraits de disparus, et tous les jours pour les plus assidus, une offrande différente. La pratique est moins courante aujourd’hui mais tous les Japonais ont eu l’occasion de joindre les mains et de se recueillir, au sein même d’un domicile. Parfois, une pièce attenante habillée de tatami et d’une peinture ou d’une calligraphie sur soie en rouleau accrochée au mur parfait le coin du repos. Cet endroit servait autrefois à servir le thé grâce à une petite crémaillère incrustée dans le sol. Nommé littéralement «&nbsp;espace des invités&nbsp;», il vous accueillera avec du thé et une douceur japonaise préparés dans la cuisine, la crémaillère ayant disparus aujourd’hui.&nbsp;

The vast majority of Japanese people nowadays eat at the table, on chairs. So you don't have to sit with your legs bent over, or "just sitting", which would quickly make your legs numb. The kitchen is never far away. If the furniture is similar to the Western model, the menu is very different. Contrary to our succession of starter, main course, cheese and dessert, the Japanese feast on several different dishes simultaneously, at least four or five, which the guests enjoy with a bowl of rice in one hand and chopsticks in the other. You'll be eating a little bit of vegetables, meat or fish, rice and soup, in whatever order you find most harmonious. Pickled vegetables and a cup of tea round off the meal, with sweetness reserved for snack time.

La très grande majorité des Japonais mangent aujourd’hui à table, sur des chaises. Vous n’aurez donc pas à subir la position assise avec les jambes repliée, dite «&nbsp;l’assise juste&nbsp;», qui très vite, vous engourdirait les gambettes. La cuisine n’est jamais loin. Si le mobilier se rapproche du modèle occidental, le menu est très différent. Contrairement à notre succession d’entrée, plat, fromage et dessert, les Japonais se régalent simultanément de plusieurs mets différents, au moins quatre ou cinq, que les convives dégustent un bol de riz à la main et des baguettes dans l’autre. Vous picorerez un peu de légumes, de viande ou de poisson, de riz et de soupe, dans un ordre que vous jugerez le plus harmonieux. Des légumes saumurés et une tasse de thé clôt le repas, le sucré étant réservé à l’heure du goûter.

Now let's take a look at the more intimate rooms, the bedroom and the bathroom.&nbsp; The bedrooms are now much like our own, although futons are still common. These are folded up and stored during the day in a cupboard with the duvets, regularly beaten and dried in the sun to clean and maintain them. The bed, or futon, is carefully positioned. The pillow should not be on the north side and no mirrors should face the bed, otherwise one's soul will be sucked out the other side while sleeping. Similarly, a psyche should never face the front door, as happiness could be sent back out. These implicit rules come from feng-shui, in Japanese fu-sui, a combination of the characters of wind and water. The idea is to try to control the flow of energy, the metaphor of which is provided by these two natural elements.&nbsp;&nbsp;

Jetons maintenant un regard indiscret vers des pièces plus intimes, la chambre et la salle de bain. Les chambres ressemblent aujourd’hui aux nôtres, même si l’usage des futons demeure courant. Ces derniers sont repliés et rangés pendant la journée dans un placard avec les couettes, régulièrement frappés et séchés au soleil pour les nettoyer et les entretenir. Le lit, ou le futon, est savamment positionné. L’oreiller ne doit pas être situé côté nord et aucun miroir ne doit faire face au lit, sous peine de voir son âme se faire aspirer de l’autre côté pendant le sommeil. De même, une psyché ne doit jamais se situer en face de la porte d’entrée car le bonheur pourrait être renvoyé vers la sortie. Ces règles implicites sont issues du feng-shui, en japonais fu-sui, combinaison des caractères du vent et de l’eau. L’idée est de tenter de maîtriser la circulation de l’énergie dont la métaphore est assurée par ces deux éléments naturels.&nbsp;&nbsp;

The standard bathroom design is very specific to Japan. It consists of two adjoining rooms, one used as a laundry and storage room, the other for a bath and shower. In the first room, you undress. Equipped with a washbasin, you wash your hands and face, comb your hair and apply make-up. In the second room, the floor is entirely covered with a waterproof floor with a drain. You sit on a special stool (yes, everything is provided!) and clean yourself before taking a bath. Most Japanese people shower in the morning, but in the evening they often take the time to bask in a bathtub. The bathing culture is very strong in Japan, so that public baths are not the preserve of the poorest people, but rather a solution for people living in small houses. There are many hot springs in many areas and some people's baths are connected to hot springs. It is rare that you will be invited to sleep in a Japanese home, but if you do, remember to wash yourself thoroughly before stepping into the bath! This rule is also important in public baths and spas. It is a matter of hygiene in a water where everyone wants to splash around in peace.&nbsp;

Le modèle standard des salles de bain est très spécifique au Japon. Il est constitué de deux pièces attenantes, l’une servant à la fois de buanderie et de rangement, l’autre accueillant une baignoire et une douche. Dans la première, on s’y déshabille. Equipée d’un lavabo, on s’y lave les mains et le visage, on s’y coiffe et se maquille. Dans la seconde, le sol est entièrement revêtu d’un plancher hydrofuge avec un écoulement. On s’assoit sur un tabouret spécial (oui, tout est prévu&nbsp;!) et on se nettoie avant de prendre le bain. Si la plupart des Japonais se douchent le matin, le soir, très souvent, ils prennent le temps de se prélasser dans une baignoire. La culture du bain est très ancrée au Japon, si bien que les bains publics ne sont pas l’apanage des plus défavorisés, mais plutôt une solution pour les habitants de petits logements. Les sources thermales sont nombreuses dans plusieurs régions et les baignoires de certains particuliers sont reliées aux sources d’eau chaude. Il est rare que vous soyez invité à dormir chez un Japonais, mais si cela vous arrive, n’oubliez pas de vous laver entièrement avant de mettre un pied dans la baignoire&nbsp;! Cette règle incontournable vaut également dans les bains publics et complexes thermaux. Il en va d’un souci d’hygiène dans une eau où tout un chacun souhaite barboter en toute quiétude.&nbsp;