1.
À l’école maternelle, je me demandais pourquoi je ne savais pas ce à quoi pensait Hiroshi ou Yuko. Ce questionnement concernait tout mon entourage, que ce soit mes parents, mon petit frère ou mes enseignants. Je compris alors que l’homme était un être qui ne comprenait que lui-même et ce fut pour moi une grande révélation.
À cette époque, la représentation que j’avais du « moi » était largement inspirée des robots des univers manga. Un petit moi se trouvait dans une salle de contrôle nichée dans mes globes oculaires et, tout en observant le monde, prenait les commandes d’un moi, plus grand. Un demi-siècle plus tard, cette allégorie demeure dans ma pensée : « Moi et les autres » est une structure qui m’habite encore.
2.
À l’école élémentaire, Dieu intervint. Je m’explique. Un jour, je tombai amoureux. Non seulement je n’avais pas accès à son cerveau mais en plus, je me demandai pourquoi je n’avais aucune idée de ce qu’elle faisait ni d’où elle était quand je ne la voyais pas. Je pouvais la côtoyer à l’école mais elle disparaissait aussitôt la fin des cours. C’est pourquoi ma réflexion aboutit au « scénario de Dieu ».
En somme, je ne serais qu’une marionnette manipulée par un metteur en scène. Emiko connaîtrait le même sort. Elle entrerait dans ma vie à neuf heures du matin et en sortirait vers seize heures. Je réfléchis à ce qu’elle devenait en dehors de ma vie. J’en conclus que Dieu rangeait Emiko dans sa malle de comédiens où elle patientait jusqu’à sa prochaine apparition.
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