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Ballade gastronomique à Roppongi, Tokyo

Hitonari Tsuji

Le 15 avril 2024

Il y a peu de restaurants authentiquement japonais à Paris. Même s’il en existe, les ingrédients sont différents du Japon. C’est pourquoi la cuisine japonaise reste une expérience à savourer au Japon et, en un sens, il me semble qu’il vaut mieux considérer la cuisine japonaise que l’on mange en France comme une sorte de nouvelle cuisine nippone.
Je suis un écrivain un peu spécial, et lorsque je déguste des mets savoureux, je n’aime pas que l’on m’adresse la parole à l’impromptu.
Que ce soit pour manger des ramen, des sushis ou de l’anguille, je sors seul et je mange discrètement en solitaire. Parfois, il m’arrive d’inviter un éditeur avec qui je m’entends bien, mais je choisis toujours une compagnie peu loquace.
Aujourd’hui je voudrais vous présenter ma meilleure sélection de restaurants à Tokyo auxquels je me suis rendu lors de mon dernier retour au pays. 

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  1. L’anguille servie chez « Unagidokoro Kurocyodo », un restaurant spécialisé dans l’anguille qui se trouve dans Roppongi Hills. 

Ce que l’on voit dans le coin en bas à droite du boitier, c’est du sansho (poivre du Japon) frais. Le sansho est une épice que l’on obtient en broyant de jeunes baies d’un arbuste, mais il est rare de trouver du sansho frais râpé. Pour vous donner une comparaison, il est extrêmement rare de trouver du wasabi cru en France, alors qu’on en trouvre en tube.
 Le sansho est un épice que l’on saupoudre habituellement sur les plats à l’anguille. Dans ce restaurant les anguilles sont consistantes, et c’est le riz qui est au contraire cuit à la vapeur, se mariant étrangement bien avec la fermeté de l’anguille.
Le sansho frais que le chef de Kurocyodo pile lui-même chaque jour, prend la forme d’une gelée collante, et sera parfait pour accompagner le saké du jour. Le déjeuner, plus abordable qu’ailleurs, m’a vraiment conquis.

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2. Il y a une adresse de luxe à Asakusa qui s’appelle Asada. Son ambiance rappelle une résidence traditionnelle, et une hôtesse en kimono vous accueillera avec le sourire. Vous pourrez manger dans une pièce privée. On appelle « ryôtei » ces restaurant japonais de plus haute classe. On imagine que tout y est cher, mais le déjeuner peut être abordable. Il y a chez Asada un plat appelé Osoba Gozen à 3500 yen. Ce plat est présenté sur un plateau, et le menu se termine par des soba (nouilles de farine sarrasin). Le chef originaire de la région d’Ishikawa a préparé un mets succulent au point de faire gémir le gourmet que je suis. Chose surprenante: la sauce d’assaisonnement transparente qui accompagne les soba est à base de kombu salé (habituellement l’assaisonnement est à base sauce soja). J’ai immédiatement eu l’envie d’en reprendre, ou, plus précisément, de re-siroter la sauce d’assaisonnement. 

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Dans le yokan (gelée de haricot rouge) cuit à la vapeur qui est servi au dessert, on trouve de la figue, et je suis sûr que cela plaira aux français. L’ambiance, animée, est excellente, et même si je préfère manger discrètement au comptoir, prendre le temps de déguster les mets dans une chambre privée avec tatami doit surement être incroyable.
 ( il faudra compter un supplément pour la pièce privée.)

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3.Une nuit, j’ai soudainement eu envie d’udon. Je me suis donc rendu dans un restaurant dont j’avais entendu parler, « Azabu Udon », qui se situe au niveau du carrefour de Nishi-Azabu. J’y ai commandé des udon, mais j’ai surtout été séduit par le « Kobushime abri Mentaiko »: de la rogue de colin salée (très appréciée au Japon) marinée au kombu puis grillée au charbon. J’ai même commandé du riz blanc en supplément tellement c’était délicieux!

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4. Décidément, avec l’affaiblissement du yen, j’ai la sensation que la nourriture est vraiment pas chère. Pour les français, c’est le moment à ne pas rater! 
Actuellement, 1 euros équivaut à environ 164 yen. En 2001, 1 euro valait 100 yen. En venant au Japon, vous pourrez donc trouver des restaurant où l’on peut déjeuner avec une seule pièce de 500 yen, ce qui est incomparable avec les tarifs français!
De plus en plus de personnes venant de l’étranger sont attirées par le Japon en raison de la dépréciation du yen. Le quartier de Roppongi est extrêmement populaire auprès des étrangers! Il devient même tout à fait habituel d’y entendre du français.

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Parlons maintenant du fameux « Gonpachi », qui a un grand succès auprès des étrangers. Situé à Nishi-Azabu, c’est un restaurant où a eu lieu l’entretient du président Bush avec l’ancien premier ministre Koizumi. Ce lieu a aussi servi de plateau pour le tournage du film Kill Bill. Son extérieur ressemble à un chateau, et son décor reproduit avec un étonnant réalisme l’époque Edo. Les clients sont tous étrangers! Le serveur qui s’est présenté à ma table était un jeune homme bangladais qui parlait couramment le japonais, même s’il n’était là que depuis 1 an et demi.
Les employés dégageaient une telle énergie, que même un dimanche soir, l’ambiance était pareille à un vendredi soir autour du grand carrefour de Shibuya!
Les cuisiniers aussi bien que les clients étaient étrangers, mais les délicieux plats servis avaient bien une saveur toute japonaise et avec un prix tout à fait raisonnable. C’est vraiment une adresse à ne pas manquer!

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5. Je suis aussi passé chez Gorigori Burger, à proximité de Roppongi Hills.
Depuis quelque temps déjà, un ami français m’avait fortement conseillé ce restaurant de Burger.
Une fois assis à sa table, le client doit scanner le QR code pour consulter le menu. La commande se fait aussi à distance, et j’avoue que j’ai eu un peu de mal… Ce serait impossible pour ma mère…
Cependant, la bière et le hamburger étaient délicieux.
Le pain était étonnamment moelleux, la viande juteuse et abondante. Le bacon fumé, d’un goût à vous faire fondre. Et le tout reste bien chaud, sans refroidir. Comme j’avais faim, je n’en ai fait qu’une bouchée. 1700 yen pour un burger, ce n’est pas donné, mais quand on pense que cela équivaut à 10 euros en France, il n’était pas étonnant d’y trouver beaucoup d’étrangers.

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6. Un ami français qui réside au Japon m’a fait découvrir une adresse où l’atmosphère était magnifique. Un restaurant du nom de « Chisen », 
situé du côté opposé de Tokyo Midtown à Roppongi. Bien que l’on trouve aux alentours divers bar à hôtesses, ce restaurant de kushikatsu (brochettes panées) est une véritable institution qui date de 1975. Une clientèle composée principalement d’habitués japonais s’y régale. Mon ami français qui parle bien japonais est un gentleman plein d’amour pour le Japon.
Avec ses 20 ans passés au Japon et moi qui suis en France depuis le même nombre d’années, nous nouons une relation est étrange. C’est comme si nous avions échangé nos lieu de vie. Qu’est-ce que l’on se comprend! 
Fabrice tenait absolument à me faire découvrir Chisen, avec son atmosphère qui rappelle les années Showa et son décor fait de bois. C’est un restaurant de kushikatsu authentique à l’ancienne, qui dégage une ambiance apaisante, une sérénité qui nous font oublier que l’on est à Roppongi. Le saké et les kushikatsu se marient délicieusement bien.

Quoi qu’il en soit, si vous planifiez un voyage au Japon, n’hésitez pas à prendre quelques notes! 

Hitonari Tsuji

Écrivain