Un concept allant à l'encontre du wabi-sabi
--Quand j'ai vu vos œuvres, j'ai été choqué. J'ai trouvé vos œuvres très flamboyantes. Les couleurs sont vives, avec de l'or et de l'argent, et les formes saillantes. J'ai eu le sentiment qu'elles étaient à l'opposé de ce qu'on a l'habitude de voir dans la céramique d'art.
Koga : C'est vrai. Lorsque la céramique est évoquée, nous pensons d'emblée à la cérémonie du thé. Le wabi-sabi est toujours assimilé à Sen no Rikyu qui prône la sobriété.
--Comme vous dites, la céramique a plutôt une image austère.
Koga : Je m'intéresse à l'univers de la cérémonie du thé, et je respecte beaucoup les œuvres traditionnelles wabi-sabi. Si vous retracez son histoire, vous arrivez toujours à Sen no Rikyu. À l'époque, les karamono (bols à thé en provenance de Chine réservés aux cérémonies du thé, note du traducteur), colorés et luxueux, étaient très appréciés et ces véritables œuvres d'art étaient associées au pouvoir. Dans ce contexte, Rikyu a osé utiliser des bols à thé noirs fabriqués au Japon en déclarant: "C'est cela, la beauté du Japon." C'était comme un pied-de-nez à l'ordre établi.