Désolée, j’écris…la bouche pleine. J’ai besoin de digérer ce qui s’est passé au bureau. Je n’arrive toujours pas à croire ce qui se passait sous mes yeux et que je n’arrivais pas à voir. C’est une sacrée remise en question de mes compétences en management. J’étais accaparée par le suivi et la qualité des dossiers, je m’assurais du respect des délais et du cahier des charges mais je me rends compte que le relationnel m’avait totalement échappé. Pourtant, l’ambiance était bonne, les collaborateurs étaient souriants, ils avaient une attitude conforme au statut des uns et des autres. Par « attitude conforme », j’entends le respect des codes langagiers au sein de la hiérarchie. C’est peut-être typiquement japonais alors je vais m’attardais un peu sur le sujet. Dans la langue japonaise, il y a trois voire quatre registres de langage. Le familier, et trois types de politesse. Le langage familier est utilisé en famille, entre amis, par celui qui s’adresse à un interlocuteur plus jeune ou ayant un grade professionnel moins élevé. Le teineigo est le langage commun employé entre des personnes qui ne se connaissent pas et dans les formulaires administratifs ou les notices courantes, c’est le plus neutre. Les registres les plus difficiles à manier, même pour les Japonais, sont le sonkeigo et le kenjougo car les termes en eux-mêmes varient : par exemple, le concept « aller » n’a pas le même terme qui diffère également du langage neutre. Leur point commun est qu’il concerne les personnes s’adressant à un interlocuteur dont le statut est supérieur. Ils sont différents par le positionnement sous-jacent au rapport des locuteurs. Alors que le sonkeigo suppose qu’on élève son destinataire, le kenjougo abaisse le locuteur. Késako ? Si je m’adresse à mon supérieur, je vais me contenter du sonkeigo pour lui témoigner de mon respect. En revanche, si je parle à un client ou à quelqu’un qui bénéficie d’un statut honorifique (par exemple un président d’entreprise), je vais devoir employer le kenjougo. La nuance est subtile et la difficulté réside bien dans la saisie des rapports de hiérarchie et de la situation de l’échange. Il faut saisir le sens des relations tout en employant les termes adéquats à bon escient. C’est une compétence qui ne peut s’acquérir qu’au fur et à mesure de l’expérience.
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