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Minami, épisode 3 : Omotenashi, le service à la Japonaise

Marie Ebersolt

Le 25 juillet 2023

J'arrive à une auberge traditionnelle. J’approche du portail que déjà quelqu’un vient à ma rencontre. « Bienvenue chez nous ! » Quelle joie d’être accueillie ! D’habitude, c’est moi qui attends et me mets au petit soin des enfants et de mon mari qui rentrent à la maison. Je compte bien me faire chouchouter, mettre les pieds sous la table, dormir dans des draps propres et me détendre dans une chambre que je n’aurai pas à nettoyer. Lorsque je remplis les documents nécessaires à la réception, je suis à la fois intimidée et confiante par l’audace de ma démarche. Je suis bien une femme indépendante qui s’apprête à séjourner loin de sa famille dans un hébergement qui propose un repas d’exception et un bain extérieur privatif. Je commence par aller aux thermes de l’hôtel. L’eau est à la température parfaite, je me détends en ne pensant à rien, simplement en me reconnectant avec mon corps que je ressens à travers le contact de l’eau. Délassée par le bain et grisée par cette expérience qui ne fait que commencer, je rentre à ma chambre où je vois la table dressée, et dans la pièce à côté, les futons installés. C’est cela dont j’avais tant besoin, que l’on s’occupe de moi. Que tout se fasse sans avoir à intervenir. Vous connaissez le service à la Japonaise ? Rien que pour cela, vous devriez voyager une fois dans mon pays. Ici, le client est roi, vraiment. Le personnel de service anticipe vos besoins et vos envies, vous n’avez rien à faire ni rien à demander pour vous sentir comme un coq en pâte. C’est la notion d’« omotenashi ». Que vous soyez client VIP ou baroudeur fauché, dans un hôtel de luxe ou chez l’habitant, vous serez choyé, plutôt gêné par tant de dévouement que frustré par une négligence même minime. Le repas est somptueux. Du poisson cru provenant de la pêche locale, une fondue au canard sauvage de la région, des légumes savoureux et un tofu au petit pois qui réveille délicatement les papilles par la douceur de l’umami. Le riz étuvé au konbu et au poulet fondant me décrochent un soupir de satisfaction. Je prends le temps de digérer un peu en lisant le dernier roman de mon auteur préféré et me décide de clore cette journée par un bain de minuit à la belle étoile. Merci moi, merci à ceux qui contribuent à mon bien-être.              

Marie Ebersolt

Rédactrice-traductrice