C’est la tragédie de Sénèque, « Médée », qui a été adaptée ce jour. La pièce romaine, interprétée par le Nô, a su capter l’attention des spectateurs par sa mise en scène inédite. Les personnages de Jason, de la gouvernante et du messager ont été joués par des comédiens français. Dans cet art vivant, les répliques résonnent telle une mélodie. Les sonorités composées par le lexique et le rythme du français ont baigné la salle d’une aura inédite, dans le respect de la règle d’équilibre entre le silence et le mouvement.
Ce jour, le public a instantanément plongé dans cet univers réputé hermétique. L’apparition du personnage principal, joué par le maître de Nô Masato Matsuura, a capté l’attention de l’auditoire. Ce dernier transmet les techniques du Nô et du sabre en France. Maîtrisant la danse et l’art martial, le mouvement typique du pied a été sublimé par son geste maintes fois répété et perfectionné.
Le masque intrigue, attire le regard et attise un moment de transcendance. Il existe une expression japonaise, « un visage inexpressif tel un masque de Nô ». Pourtant, en fonction de son inclinaison, il exprime la joie ou la tristesse. Le porteur du masque semble tantôt plein de vie et souriant, d’autres fois abattu ou en pleurs. C’est dans cette polyvalence émotive que réside la singularité du masque de Nô. Par sa force, les mouvements d’humeur du personnage tout au long de la pièce suscitent l’imagination du spectateur et provoque son implication.
Cette représentation a été un vif succès. L’heure et demie est passée vite. Elle a proposé cet art dramatique sous un nouveau jour et a révélé une belle harmonie entre la langue de Molière et la rythmique du Nô.