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Minami, épisode 2, de la spontanéité

Marie Ebersolt

Le 19 juin 2023

Finalement, j’ai opté pour un voyage en solitaire. L’idée de me retrouver seule m’a bien plus exaltée que celle de devoir composer avec mes amies, même si je les aime beaucoup. J’ai besoin d’espace, de ne penser qu’à moi, je veux me déplacer et organiser l’emploi du temps comme je l’entends. Je rêve de spontanéité. En même temps, j’appréhende beaucoup. Ne trouvez-vous pas que la liberté peut parfois ébranler ? Je suis tellement habituée à un quotidien dont les jours se ressemblent, réglés à la minute près, sans discordance. La feuille de route est précise, inébranlable ; je sais ce qui suit. Ce n’est que maintenant que je réalise avec quelle force cette fameuse charge mentale occupe l’esprit. Je suis réglée comme une automate, accomplissant les tâches les unes après les autres jusqu’au soir, où soudain, je reviens à moi-même. Il est déjà trop tard pour me divertir de quelque manière que ce soit. Dans la pénombre et le silence du salon déserté par les membres de ma famille, je suis à nouveau seule comme au petit matin. La fatigue, qui m’a épargnée jusqu’alors, comme pour ne pas me gêner dans le travail domestique, s’abat sur moi comme pour me rappeler à l’ordre : « Va te coucher, demain t’attend ». Je dois sortir de cette torpeur, récupérer mon être et mettre de côté mon rôle. C’est pourquoi j’ai décidé de prendre le contrepied. Ne rien prévoir, me laisser guidée par mon instinct, aller où le vent me mène. Je n’ai même pas choisi la destination. J’ai pris le volant de ma voiture et me suis dirigée vers l’autoroute urbaine de la capitale. Je suis sortie lorsque j’ai vu une indication vers un village dont les caractères graphiques me plaisaient. Peu importe où c’est, je ne vous le dirai pas, car ce qui importe, c’est mon voyage intérieur.      

Pour le premier épisode de Minami, c'est par ici.

Marie Ebersolt

Rédactrice-traductrice