Je m’appelle Tomoka, j’ai quatorze ans.
Je suis en troisième année de collège et j’étudie beaucoup. Je ne sais pas comment ça se passe en France mais au Japon, à moins d’être scolarisé dans une école privée qui intègre tous les cycles d’enseignements, on doit passer des concours d’entrée. Pour entrer à l’école primaire, au collège, au lycée, à l’université, et parfois même pour intégrer une école maternelle soi-disant prestigieuse ! Les parents sont nerveux pendant cette période et l’ambiance est lourde à la maison. C’est tellement la pression qu’un certain nombre de jeunes finissent dans l’absentéisme, voire à ne plus sortir de leur chambre. Parfois ça va même plus loin avec des violences exercées envers les parents. Je ne suis pas concernée par ces cas extrêmes mais je comprends le cheminement de leur pensée, leur état d’esprit. En tout cas, je tiens le coup car j’ai appris à prendre du recul. Si on se laisse impressionner, personne ne peut supporter une vie de jeunes Japonais. Après les cours à l’école, il faut s’investir dans une activité extrascolaire et terminer la journée par des heures d’étude dans une école privée qui prépare au concours. Pendant les vacances, on est très pris par le club auquel on appartient. Il y a toujours des résidences pour renforcer l’esprit de groupe et s’entraîner, encore et encore. J’ai fini par comprendre que certes l’école instruit mais elle prépare également au fonctionnement de la société des adultes. Les hiérarchies sociales, la concurrence et les rapports de force transpirent chez les écoliers, les collégiens et lycéens. Je vous parlerai de l’ambiance qui règne entre les élèves, de mes déceptions et de mes espoirs. Ça me fera du bien de prendre du temps pour mettre en mots ce que je ressens vraiment et que je ne peux confier à personne. Vous êtes extérieurs à tout cela, je sais que vous ne me jugerez pas.