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Tomoka, épisode 2 même tout petit, on apprend à se défendre

Marie Ebersolt

Le 28 juin 2023

A l’école maternelle, on apprend la vie en collectivité, c’est-à-dire le partage, la communication et les prémices des résolutions de conflit mais les assistantes maternelles ne sont jamais très loin des enfants pour les épauler en cas de besoin. Ce qui change quand on rentre à l’école primaire, c’est la distance entre soi et l’équipe pédagogique et les rapports de camaraderie qui deviennent plus complexes. Des bandes se forment, les personnalités sont plus affirmés alors le drame n’est jamais loin, même pour des enjeux futiles. Pour s’en sortir à bon compte, il faut avoir une cartographie mentale du réseau « amical ». Est-ce que l’élève en face de moi est populaire ou un looser? Est-ce qu’il fait partie des « forts » ou des « faibles », autrement dit, appartient-il au groupe des harceleurs ou des harcelés ? On sait alors s’il faut faire profil bas ou si on peut se permettre de se défendre. Ainsi, au contact des congénères, on choisit son camp : prendre parti ou s’isoler totalement. Je suis sûre que vous vous dites : « Et le personnel encadrant ? Les professeurs ? » Je peux vous dire qu’ils ne veulent pas s’en mêler, ils sous-estiment l’ampleur du problème en considérant que ce sont des enfantillages, que c’est comme ça
qu’on apprend à vivre en société. Pourtant, le harcèlement scolaire n’est pas un mythe. Il est en constante augmentation depuis 2014 (sauf en 2020, l’année du covid où les écoles ont été fermées) et les écoliers sont les plus concernés avec plus de 600 000 cas pour les seuls avérés. Selon une enquête du ministère de l’Éducation, plus de la moitié auraient subi des brimades et plus de dix pour cent auraient été totalement ignorées du reste de la classe. Vous imaginez-vous si seul contre tous, à un âge vulnérable ? Cette dernière information donne idée du poids du groupe. Si on fréquente une victime, on le devient à son tour, pareil si on dénonce. Au contraire, si on se tait, on devient, quelque part, complice. Vous rendez-vous compte d’un tel dilemme quand on n’a même pas dix ans ? 

Mais qui parle? La réponse, c'est par ici!

Marie Ebersolt

Rédactrice-traductrice