Japan Stories Logo

Lancez des haricots et chassez les démons!

Marie Ebersolt

Le 3 février 2023

photo

Gravure de Hokusai illustrant le mamémaki

À l’origine, setsubun est l’ensemble des dates du calendrier lunaire précédant le passage d’une saison à une autre. Pendant ces jours, l’homme se trouve vulnérable au changement du climat et son corps demande une période d’adaptation physiologique. Cette sensibilité à l’environnement extérieur était attribuée aux énergies néfastes émanant des démons. Ainsi, des cérémonies d’exorcisation se déroulaient au sein des palais et des temples entre le VIIIème siècle et l’ère d’Edo (1603-1868) où le rituel s’est démocratisé et s’est concentré exclusivement pour marquer le début du printemps.

photo

Le setsubun consiste à lancer des graines de soja vers l’extérieur en criant « les démons dehors, le bonheur dedans ». Il s’agit de chasser le mal qui tente d’envahir les foyers et d’attirer la bonne fortune. On observe dans l’histoire de ce rituel des lancés de riz, de blé ou encore de charbon. Or ce sont les haricots soja qui se sont généralisés pour leur coût et leur accessibilité. Par ailleurs, les Japonais leur attribuaient la vertu de chasser les démons. En effet, par jeu de mots, Mamé, haricot, peut être entendu comme œil du démon ou encore destruction de démon. 
La date diffère d’une année à l’autre car elle est tirée du calendrier lunaire. Ce rituel coïncide avec la première période solaire marquant traditionnellement le début de l’année et le début du printemps, entre le deux et le quatre février. A cette période, des kits de mamémaki, lancé de haricots, sont vendus dans les supermarchés. En plus des graines de soja, on y trouve un masque pour qu’un parent joue le oni, cet être incarnant le mal. L’enfant lui court après en scandant la formule citée plus haut.

photo

Encore aujourd’hui, des cérémonies sont organisées dans les temples, et des cris d’enfants, chasseurs de mal, résonnent en ce début du mois de février dans chaque foyer. 

Nous voilà à mi-chemin entre l’hiver et le printemps. Les journées se prolongent à vue d’œil et notre humeur sort de sa morose avec l’arrivée des premiers bourgeons. Ce moment charnière est pourtant un passage sensible dans l’imaginaire des Japonais. Entre chaque saison, des foeces maléfiques tentent de se frayer un chemin pour mieux s’attaquer à l’homme. Pour se défendre, des rituels s’organisent en vue de chasser les mauvais esprits. C’est le setsubun.

Marie Ebersolt

Rédactrice-traductrice