Tatami is a traditional Japanese floor covering. It is made up of several layers of rice straw, laid one on top of the other, criss-crossed and compressed. Covered with a woven straw mat, it offers flexibility when you sit or lie on it. However, it is customary to place a cushion or futon on top for added comfort.

Le tatami est un revêtement de sol traditionnel japonais. Il est constitué de plusieurs couches de pailles de riz superposées, entrecroisées et compressées. Recouverte d’une natte de paille tissée, il offre une souplesse lorsque l’on s’y assoit ou que l’on s’y couche. Néanmoins, il est d’usage de poser un coussin ou un futon pour davantage de confort.&nbsp;

Tatami has existed since the Heian era, but it was thinner and more mobile. It was placed on the clay floor or on wooden parquet for the more affluent. It also took the form of a pillow. It was only later that it became a fixed element.

Le tatami existe depuis l’ère Heian mais il était plus fin et mobile. On l’installait sur le sol en terre battue ou sur du parquet de bois chez les plus aisés. Il se déclinait également sous forme d’oreiller. Ce n’est que plus tard qu’il devient un élément fixe.

The dimensions vary from region to region. Nevertheless, the surface area of a tatami, always rectangular in shape, varies between 1.5m2 and 1.9m2. The tatami is still so widespread today that it is used as a unit of measurement for surface areas. Japanese property advertisements always mention surface areas in jyó, the sound reading of the tatami kanji. For this reason, a standard has been created to achieve consensus and avoid confusion in terms of surface area.

Selon les régions, les dimensions diffèrent sensiblement. La surface d’un tatami, toujours de forme rectangulaire, oscille entre 1,5 m2 et 1,9m2. Le tatami est si ancré dans l’esprit des Japonais encore aujourd’hui qu’il sert d’unité de mesure pour des surfaces. Les annonces immobilières mentionnent toujours les superficies en jó, soit la lecture sonore du kanji «&nbsp;tatami&nbsp;». Pour cela, un standard a été créé pour faire consensus et éviter les confusions concernant le calcul des surfaces.&nbsp;

The layout of the tatami mats varies for certain events. It is customary to change them at funeral wakes or ceremonies to mark variations in the spiritual environment. For example, tatami mats at banquets will not be in the same positions as at the events mentioned above. In all cases, it is absolutely forbidden to walk on them with shoes on.

Les tatamis sont certes fixes mais ils peuvent être déplacés lors d’occasions particulières. Il est d’usage d’en changer l’agencement lors de veillées mortuaires ou de cérémonies funéraires pour marquer les variations d’environnement spirituel. Ainsi, les tatamis lors de banquets n’auront pas les mêmes positions que lors d’évènements cités plus haut. Dans tous les cas, il est absolument prohibé de&nbsp;marcher dessus avec des chaussures aux pieds.&nbsp;

Today, although tatami is less widespread since the development of flat living, it is still familiar to the Japanese. Traditional rooms have been fitted out in some flats, it is still present in private homes, Japanese cuisine restaurants very often have tatami-covered rooms, as do temples and inns. In recent decades, it has even evolved, with coloured tatami or tatami with a more varied&nbsp;

Aujourd’hui, si le tatami est moins répandu depuis le développement des habitations en appartement, il demeure néanmoins familier des Japonais. Des pièces traditionnelles sont aménagés dans certains appartements, il est toujours présent dans les maisons individuelles, les restaurants de cuisine japonaise disposent très souvent de salles avec un revêtement de tatami, de même que les temples et les auberges. Il a même évolué ces dernières décennies avec des tatamis de couleur ou avec un tissage plus varié.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Among contemporary craftsmen, Kenzie Yamada uses his know-how to create an art form in its own right. He creates real tatami paintings, with pieces cut out in the form of motifs that make up a final design. To do this, he weaves rice straws into sections of tatami, then cuts them into particular shapes. Finally, he assembles them to create an illustrated floor. He plays with the direction of the mats to play with the reflection of the light, giving volume to the whole and an impression of movement. The drawing seems to come alive. The artist gives free rein to her imagination and uses her technique to sketch and bring the floor to life. A modern approach to a material that can be used to create an artistic setting in a domestic space, or more often in a place of meditation such as a temple.

Parmi les artisans contemporains, Kenzie Yamada met à profit son savoir-faire pour un art à part entière. Il crée de véritables tableaux de tatami, avec des morceaux découpés en forme de motifs composant un dessin final. Pour cela, il réalise des pans de tatami grâce au tissage des pailles de riz puis les découpe en forme particulière. Enfin, il les assemble pour donner naissance à un sol illustré. Il joue avec le sens des nattes pour jouer avec le reflet de la lumière, ce qui a pour effet de donner du volume à l’ensemble et une impression de mouvement. Le dessin semble prendre vie. L’artiste donne libre court à son imagination et use de sa technique pour esquisser et donner vie au plancher. Une approche moderne d’un matériau au service d’une mise en scène artistique au sein d’un espace domestique, et plus souvent, dans un lieu de méditation comme au temple.&nbsp;

Les arts, les rites et les mots du quotidien...

芸術、儀式、言葉

Tatami, l'art du sol

There aren't as many tearooms as cafés in France, but they're on the increase. These are places where you can relax over a cup of tea and a pastry. The atmosphere is also cosier, with comfortable armchairs, far from the crowded terraces. It's here that a Japanese piece doesn't go unnoticed: the Nanbutekki.

En France, il n’y a pas autant de salons de thé que de cafés mais on en voit de plus en plus. On y passe un moment de détente autour d’une tasse de thé et d’une pâtisserie. L’atmosphère y est aussi plus cosy, avec des fauteuils confortables, loin des terrasses bondées. C’est là qu’une pièce japonaise ne passe pas inaperçue&nbsp;: le Nanbutekki.

This is a teapot whose origins go back more than four hundred years. Although few Japanese use it today, it was an essential part of the set design for black-and-white films at the beginning of the previous century. Made of cast iron, it was born in Morioka in the prefecture of Iwate. Now available in a multitude of colours, its silhouette and ability to retain heat for several hours make Nanbutekki a must-have tableware of the moment. Its relatively high price, justified by its functionality, makes this teapot a piece that exudes an aura of luxury.

Il s’agit d’une théière dont l’origine remonte à plus de quatre cents ans. Si peu de Japonais s’en sert aujourd’hui, elle a été un objet incontournable dans le décor des films en noir et blanc du début du siècle précédent. En fonte, elle est née à Morioka dans la préfecture de Iwate. Se déclinant aujourd’hui en une multitude de couleurs, sa silhouette et sa capacité à garder la chaleur durant plusieurs heures font du Nanbutekki une vaisselle incontournable du moment. Son prix, relativement élevé justifié par sa fonctionnalité, fait de cette théière une pièce dont émane une aura de luxe.&nbsp;

Long a favourite in the cold lands of Japan, Nanbutekki has now found its way into the cupboards of French households. You can buy it in tea shops, if not on the Internet.

Longtemps affectionné dans les contrées froides du Japon, le Nanbutekki a aujourd’hui toute sa place dans le placard des foyers français. Vous pourrez vous en procurer dans des magasins de thé, si ce n’est sur Internet.

Nanbutekki, the tea star

Le Nanbutekki, la star du thé

Yosegi, literally wood assembly, is a marquetry craft that originated in Hakone, a place famous for its hot springs. In the heart of Fuji-Hakone-Izu National Park, the natural environment has provided a diversity of wood species that have contributed to the development of this craft.

Le yosegi, littéralement assemblage de bois, est une marqueterie originaire de Hakone, lieu célèbre pour ses sources d’eau chaude. Au cœur du parc national de Fuji-Hakone-Izu, l’environnement naturel a offert une diversité d’essences de bois qui a contribué au développement de cet artisanat.&nbsp;

The region surrounding the town of Odawara in Kanagawa prefecture, an hour's drive from the capital, is characterised by its lush natural surroundings. It has long been an important resource for woodworkers, so much so that many turners from Kyoto settled here during the Heian period in the 16th century. As wood became scarcer the more it was used, the makers moved again, settling permanently in Hakone. It was here that Nihei Ishikawa created the specific yosegi technique.

La région entourant la ville d’Odawara dans la préfecture de Kanagawa, située à une heure de route de la capitale, est marquée par sa nature luxuriante. Elle a longtemps constitué une ressource importante pour les artisans du bois, si bien que de nombreux tourneurs originaires de Kyoto s’y sont installés durant l’époque Heian au XVIème siècle. Le bois se raréfiant à mesure de son utilisation, les fabricants se sont à nouveau déplacés, pour s’établir définitivement à Hakone. C’est ici que Nihei Ishikawa a créé la technique spécifique du yosegi.&nbsp;

The manufacturing process involves several stages. A table saw is used to cut rods of various shapes from the wood. They are essential to the subsequent composition work, as they can be cut to any one of sixty or more geometric profiles, depending on the angle and the shape designed. They are then assembled into geometric patterns and pressed together to form a block. The infinite possibility of combinations in turn produces several hundred traditional patterns. Known as taneita, this piece forms the basis for two types of work. The zuku comes from the planer, which produces 0.2 millimetre strips, and the muku is the result of a wood lathe. Zuku are glued to everyday objects, particularly secret boxes. The latter appeared at the end of the 19th century and are the result of a specific know-how. Small pieces of wood form a container that can only be opened after the facets of the box have been manipulated several times, like a puzzle. This is the emblematic work of the yosegi. As for muku, the block of wood is carved to be transformed into crockery.

Le processus de fabrication comprend plusieurs étapes. Des baguettes de différentes formes sont taillées dans le bois grâce à une scie sur table. Elles sont essentielles au travail de composition ultérieure puisqu’elles permettent, selon l’angle de découpe et la forme conçue, une soixantaine de profils géométriques. Elles sont par la suite assemblées pour constituer des motifs géométriques puis pressées entre elles pour former un bloc. La possibilité infinie des combinaisons donne à son tour plusieurs centaines de motifs traditionnels. Appelé taneita, cette pièce constitue la base de fabrication de deux types d’ouvrage. Le zuku est issu du passage à la raboteuse qui permet de réaliser des lamelles de 0,2 millimètres et le muku est le résultat obtenu par un tour à bois. Les zuku sont collés sur des objets du quotidien, notamment sur des boîtes à secret. Ces dernières sont apparues à la fin du XIXème siècle et témoignent d’un savoir-faire spécifique. De petits pans de bois forment un contenant qui ne s’ouvre qu’après plusieurs manipulations des facettes de la boîte, tel un casse-tête. C’est l’œuvre emblématique du yosegi. Quant au muku, le bloc de bois est sculpté pour se transformer en vaisselle.&nbsp;

Hakone-zaiku, literally Hakone shaping, is best known for its yosegi, but also for its marquetry. Pieces of wood are made using a scroll saw and interlocked to create a relatively thick picture. Like zuku, this taneita is then planed into a thin sheet of wood, flattened with a hot iron and glued together.

Le Hakone-zaiku, littéralement façonnage de Hakone, est surtout réputé pour le yosegi mais également pour sa marqueterie. Les pièces de bois sont confectionnées à l’aide d’une scie à chantourner et sont imbriquées les unes aux autres pour créer un tableau relativement épais. Tout comme le zuku, ce taneita passe à la raboteuse et devient une fine feuille de bois, aplanie par un fer chaud puis collée.&nbsp;

The variety of species used makes it possible to create highly colourful designs: white is obtained from Japanese charcoal, black from the caramel tree, yellow from the mulberry tree, brown from the camphor tree, purple from the walnut tree, blue from the pickle tree and black from the Chinese cedar. Although local trees have long been selected for this craft, the region has been protected since 1936 and the wood can no longer be exploited. Today, the workshops carefully select species according to texture and colour, and manage to source seventy per cent of the wood from other parts of Japan.&nbsp; I invite you to admire the yosegi patterns and watch the videos, which do not require a command of Japanese, to see how the different types of Hakone-zaiku are made: https://www.hakone.or.jp/yosegizaiku/about/index.html

La variété des essences permet d’élaborer des motifs hauts en couleurs&nbsp;: le blanc est obtenu par le fusain du Japon, le noir par l’arbre au caramel, le jaune par le mûrier, le brun par le camphrier, le pourpre par le noyer, le bleu par l’arbre à cornichon et le noir par le cèdre chinois. Si les arbres locaux ont longtemps été sélectionnés pour cet artisanat, la région est protégée depuis 1936 et le bois ne peut plus être exploité. Aujourd’hui, les ateliers sélectionnent les essences avec soin en fonction de leur texture et de leur couleur et parviennent à se fournir, depuis d'autres régions du Japon, pas moins de soixante-dix pour cent du bois. Je vous invite à admirer les motifs du yosegi et à regarder les vidéos, ne nécessitant pas la maîtrise de la langue japonaise, pour observer la fabrication des différents types du Hakone-zaiku&nbsp;: <a href="https://www.hakone.or.jp/yosegizaiku/about/index.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">https://www.hakone.or.jp/yosegizaiku/about/index.html</a>

Yosegi, geometry in wood

Le yosegi, de la géométrie en bois

You may already have seen these round, colourful wooden figurines on the shop front of a shop specialising in Japanese products. Unlike other Japanese words, kokeshi is not (yet?) in the French dictionary, but many Japanophiles are familiar with this decorative object.

Peut-être avez-vous déjà eu l’occasion de voir ces figurines en bois, rondes et colorées, sur une devanture d’un magasin spécialisé dans les produits japonais. Contrairement à d’autres mots japonais, kokeshi n’appartient pas (encore&nbsp;?) au vocabulaire français, mais nombre de japonophiles connaissent déjà cet objet de décoration.&nbsp;

This anthropomorphic sculpture consists of two parts: a round head and a cylindrical body without limbs. It is traditionally made on a wood lathe by specialist craftsmen from species of wood such as hornbeam, cherry, pear or maple. Hand-painted and then coated with lacquer, kokeshi have been conquering the world since 2000. Although they are now mass-produced and come in rounder "kawai" shapes, sometimes depicting cartoon characters, in the past they were handmade by masters and their disciples in eleven schools. They were taller and thinner, with natural pigments adorning the faces and bodies, mainly in red, the colour of good omens, black and green.

Cette sculpture anthropomorphe est constituée de deux parties&nbsp;: une tête ronde et un corps cylindrique sans membre. Elle est traditionnellement fabriquée au tour à bois par des artisans spécialisés à partir d’essences comme le cornus, le cerisier, le poirier ou l’érable. Peintes à la main puis enduites de laque, les kokeshi ont su conquérir le monde depuis les années 2000. Si elles sont produites aujourd’hui en série et se déclinent sous des formes plus rondes «&nbsp;kawaï&nbsp;» et représentent parfois des personnages de dessins animées, elles étaient autrefois réalisées à la main par des maîtres et leurs disciples réunis sous onze courants. Elles étaient plus hautes et plus fines et les pigments naturels ornaient les visages et les corps principalement de teinte rouge, la couleur de bon augure, de noir et de vert.&nbsp;

The first kokeshi appeared during the Edo period in north-east Japan, around the prefectures of Miyagi and Fukushima. At that time, the peasant population regularly went to spring baths to rest their aching bodies, where they bought crockery made by local woodturners. At the request of their customers, the woodturners began to carve figurines for children. The figurines were thin and handy, but small and unstable, so that the little ones could easily pick them up. Little by little, adults began to appropriate these toys and collectors began to appear. Techniques then evolved to make them more stable and decorative. The curists turned these dolls into talismans symbolising health and vitality.

Les premières kokeshi sont apparues à l’ère Édo dans le nord-est du Japon, autour des préfectures de Miyagi et de Fukushima. A cette époque, la population paysanne se rendait régulièrement dans des bains de sources pour reposer leur corps endolori et s’y procuraient de la vaisselle fabriquée par les tourneurs sur bois locaux. Ces derniers, à la demande de leurs clients, ont commencé à sculpter des figurines destinées à être offertes aux enfants. Afin que les petits puissent les attraper aisément, elles étaient fines et maniables mais petites et instables. Peu à peu, les adultes se sont approprié ces jouets et des collectionneurs sont apparus. Les techniques ont alors évolué pour apporter de la stabilité et permettre de les disposer en tant qu’élément décoratif. Les curistes ont fait de ces poupées des talismans symbolisant santé et vitalité.

Kokeshi are still so popular today that they have been transformed into practical objects. They can contain seals, used by the Japanese as official signatures, or letters. One company has turned the flaw of instability into a strength by incorporating a detector: when the kokeshi topples over, a light goes on to signal the presence of a victim in the event of an earthquake.&nbsp;&nbsp; The popularity of these wooden dolls is also due to the organisation of three annual competitions for excellence, one of which is awarded by the Prime Minister himself!

Les kokeshi sont si affectionnées de nos jours encore qu’elles se sont transformées en objets pratiques. Elles peuvent renfermer des sceaux, utilisés par les Japonais comme signature officielle, ou des lettres. Une entreprise a transformé le défaut d’instabilité pour en faire un point fort en y incorporant un détecteur&nbsp;: lorsque le kokeshi bascule, une lumière s’allume pour signaler la présence d’une victime lors de tremblements de terre.&nbsp;&nbsp; La popularité de ces poupées de bois tient aussi aux organisations de trois concours d’excellence annuels, dont l’un des prix est décerné par le Premier Ministre en personne&nbsp;!

Pour ceux qui ont lu l'article sur les bouches d'égoût, vous aurez deviné que ces kokeshi figurent sur certaines des régions où elles sont fabriquées. Pour les autres, je les invite à découvrir un <a href="https://japanstories.fr/article/hfx1l3owsdl" target="_blank" rel="noopener noreferrer">musée à ciel ouvert</a>.

Les poupées Kokeshi

In the partitioning of interior spaces, sliding walls are used in Japan to delimit separate rooms. They can be made of paper panels, plain or painted. Some of these shoji are set with finely carved wood, forming a very sophisticated geometric design. This wood craft is called kumiko.

Dans le cloisonnement des espaces intérieurs, il existe au Japon des parois coulissantes qui délimitent les pièces distinctes. Elles peuvent être réalisées par des panneaux de papier, uni ou peint. Certains de ces shoji sont sertis de bois taillé finement, formant un dessin géométrique très sophistiqué. Cet artisanat de bois s’appelle kumiko.

Dating back to the Asuka era from the 6th century to 710, the kumiko is said to have appeared during the great temple constructions contemporary with the integration of Buddhism. Prince Shotoku, political leader and regent of the imperial court, ordered a vast campaign of religious building foundations. He is still considered an important figure who contributed greatly to the development of national crafts. Since then, the techniques have been passed on, along with the artistic sensibilities of their craftsmen.

Remontant à l’ère Asuka qui s’étend du VIème siècle à 710, le kumiko serait apparu lors des grandes constructions de temples contemporaines à l’intégration du bouddhisme. Le prince Shotoku, dirigeant politique et régent de la cour impériale, a ordonné une vaste campagne de fondations d’édifices religieux. Il est à ce jour toujours considéré comme une personnalité importante ayant largement contribué au développement des artisanats nationaux. En effet, plusieurs corps de métiers sont intervenus lors de ces chantiers, parmi lesquels le kumiko pour l'agencement intérieur et l'ameublement des temples, et le corpus des traditions esthétiques et des savoir-faire s'est considérablement étoffé à cette occasion. Les artisanats japonais ont alors connu un véritable essor dans leurs développements techniques. Depuis, la transmission n'a jamais cessé et accompagne les sensibilités artistiques contemporaines de leurs artisans.

The wood is first cut very finely. It is then grooved, mortised and fitted with various carpentry tools, such as the plane, chisel and saw. The elements are worked in such a way that they form a lattice of geometric shapes when fitted together. Each of the several hundred elements is detailed one by one, to the nearest tenth of a millimetre, according to the size and angles required to form the initial sketch. The assembly is carried out with very little rice glue but without any nails, although this serves temporarily to hold the pieces together in the assembly stage. The structure is held together by the pressure exerted between the battens.

Kumiko signifie littéralement «&nbsp;joindre le bois&nbsp;».&nbsp;Il consiste à reproduire un dessin grâce à de petits et minces morceaux de bois qui ne tiennent entre eux que par la force qu'ils s'exercent les uns entre les autres. Regardons de plus près les étapes de fabrication. Le bois est tout d’abord taillé très finement. Il est ensuite rainuré, mortaisé puis ajusté à l’aide de plusieurs outils de menuiserie, comme le rabot, le ciseau et la scie. Les éléments sont travaillés de telle sorte qu’ils constituent, une fois emboîtés, un treillis de formes géométriques. De plusieurs centaines, ils sont détaillés un par un, au dixième de millimètre près, en fonction de la taille et des angles nécessaires à la formation de l’esquisse initiale. L’assemblage est réalisé avec très peu de colle de riz mais sans aucun clou, bien que ceci serve temporairement à tenir les pièces dans l’étape du montage. La structure tient grâce à la pression qui s’exerce entre les taillons.

There are over two hundred traditional motifs representing nature or symbols of good fortune. They are carefully selected and positioned to optimise the distribution of light and air circulation or, on the contrary, to provide a more subdued glow. The work can also be appreciated for the scent of the wood used, cypress. This species has the characteristics of being dense and fragrant. Its resistance allows the panels to withstand the pressure and its scent to set the scene for the general atmosphere.

Il existe plus de deux cents motifs traditionnels représentant la nature ou des symboles de bon présage. Ils sont dûment sélectionnés et positionnés afin d’optimiser la distribution de la lumière et la circulation de l’air, ou au contraire, apporter une lueur plus tamisée. L’ouvrage se laisse apprécier également par le parfum qu’exhale le bois utilisé, le cyprès. Imputrécible, cette essence remplit les caractéristiques d’être durable, dense et odorant. Sa résistance permet aux empiècements de supporter la pression et son parfum de mettre en scène une atmosphère générale.&nbsp;&nbsp;

Nowadays, the designs adapt to modern aesthetic trends. Not only tea houses and traditional restaurants or inns decorate their interiors with kumiko shoji, but also bars, hotels and design-conscious individuals. Craftsmen are also expanding their range to include more affordable items such as pencil boxes, lamps, coasters and trays.

De nos jours, les créations s’adaptent aux tendances esthétiques modernes. Ce sont non seulement les maisons de thé et les restaurants ou auberges traditionnels qui décorent leur intérieur avec des shoji en kumiko mais également des bars, des hôtels ou des particuliers férus de design. Les artisans élargissent leur offre en proposant des tableaux à placer contre les murs ou les plafonds, ou encore des articles plus accessibles, comme des boîtes à crayons, des lampes, des sous-verre, des plateaux ou autres accessoires du quotidien.&nbsp; Le kumiko s'emprunte aujourd'hui de modernité, aussi bien dans son usage que dans son esthétique.

L'art du kumiko, comme de la dentelle de bois

Yùzen, known for kimonos, consists of painting on textiles. From the dyeing of the fabric, through the numerous finishing techniques, this craft requires a dexterity and artistic sensitivity that blossoms through the drawings made with a brush and the finishes worked by depositing materials such as gold leaf or embroidery. Since 1976, yūzen has been recognised and protected by the Japanese government as a traditional craft.

Le Yùzen, connu pour les kimonos, consiste à peindre sur du textile. Depuis la teinture du tissu, en passant par les nombreuses techniques d’apprêt, cet artisanat demande une dextérité et une sensibilité artistique qui s’épanouissent à travers les dessins réalisés au pinceau et les finitions travaillées par dépôt de matières tels que des feuilles d’or ou des broderies. Depuis 1976, le&nbsp;yūzen&nbsp;est reconnu et protégé par le gouvernement japonais au titre d'artisanat traditionnel.

Founded by the fan painter Yùzen Miyazaki, its origins date back to the Edo era, in the 17th century. His accessories being very popular, he decided to answer a particular demand: to paint on a kimono. The success was immediate and the Yùzen style, with its variety of colours and curves representing plants, animals and landscapes, quickly spread. When he moved to the feudal domain of Kaga for a commission, a local aesthetic developed in turn. Today, there are three currents; those of Kyoto, Kaga and Edo, which are distinguished by their characteristic elegance.&nbsp; The techniques used to prepare and perfect the drawing stages are attributed to the artist, but there is no documentation of this. Miyazaki was the forerunner of this craft, but he is said to have only initiated an aesthetic corpus in kimono designs. Later, in order to improve detail, craftsmen introduced wax to delineate areas of paint to avoid ink smudges and to make the designs sharper. In the Meiji era, Jisuke Hiroshi introduced block printing, which streamlined the manufacturing process. By using primers and chemical dyes, several steps are eliminated and the colour palette is multiplied. Thus, many kimono dyeing factories appeared and the Yùzen style was democratised. Today, stencils belong to the techniques of this craft as well as brush drawing.

Fondé par le peintre sur éventail Yùzen Miyazaki, son origine remonte à l’ère Edo, au XVIIème siècle. Ses accessoires étant très prisés, il a décidé de répondre à une demande particulière&nbsp;: celle de peindre sur un kimono. Le succès fut immédiat et le style Yùzen, avec sa variété de couleurs et les courbes représentant végétaux, animaux et paysages s’est vite répandu. Lorsqu’il s’est déplacé au domaine féodal de Kaga pour une commande, une esthétique locale s’est à son tour développée. Aujourd’hui, il existe trois courants&nbsp;; ceux de Kyoto, Kaga et Edo, qui se distinguent par leur élégance caractéristique. Les techniques employées pour préparer et parfaire les étapes du dessin sont attribuées à l’artiste mais aucun document ne l’atteste. Miyazaki a été le précurseur de cet artisanat mais il n’aurait qu’initier un corpus esthétique dans les motifs de kimono. Par la suite, afin d’améliorer les détails, les artisans ont introduit la cire pour délimiter les zones de peinture permettant d’éviter les bavures d’encre et de rendre les motifs plus nets. A l’ère Meiji, Jisuke Hiroshi a introduit l’impression à la planche qui a eu pour conséquence de rationnaliser le processus de fabrication. En usant d’apprêts et de teintures chimiques, plusieurs étapes sont supprimées et la palette de couleur s’est multipliée. Ainsi, de nombreuses manufactures de teinture sur kimono sont apparues et &nbsp;le style Yùzen s’est démocratisé. Aujourd’hui, les pochoirs appartiennent aux techniques de cet artisanat au même titre que le dessin au pinceau.

The traditional process of Yùzen includes many stages. It begins with a sketch on paper, which is copied onto the fabric using a natural ink composition that fades on contact with water. The outlines of the designs are then outlined by applying a rice or rubber paste using a very small piping bag to prevent the colours from mixing. This stage of the Itome-nori is emblematic of the Yùzen. It makes the background colour appear through the edges of the final design. As for the general dyeing of the fabric, it is applied by brushing, before or after the drawing, depending on the ingredient used in the itome-nori paste. In order to fix the preparation and avoid colour smears, a mixture of soybean broth and seaweed starch is spread on the back of the fabric. This step also precedes the application of the background colour. This is followed by the selection and preparation of the colours. The painting is then carried out inside the contours, using brushes of varying fineness, as numerous as the variety of colours, some of which are bevelled to add nuances. The textile is then steamed in order to fix the colours of the patterns. If the background dyeing is still to be done, the designs are first covered with a mixture of salt, glutinous rice and rice bran and then with cypress sawdust to protect them.&nbsp;Finally, the fabric is steamed before the primers and excess dye are washed off in artificial rivers. It is then ironed and possibly decorated with gold leaves or embroidery. The kimono has not yet been sewn and several skilled craftsmen have had to intervene.

Le processus traditionnel du Yùzen comprend de nombreuses étapes. Il commence par l’esquisse sur papier, recopiée sur le tissu à l’aide d’une encre de composition naturelle qui s’efface au contact de l’eau. Les contours des motifs sont ensuite délimités par la pose d’une pâte à base de riz ou d’hévéa à l’aide d’une poche à douille de très petite taille afin d’empêcher le mélange des couleurs. Cette étape de l’Itome-nori est emblématique du Yùzen. Elle fait apparaître la couleur de fond à travers les pourtours du dessin final. Quant à la teinture générale du tissu, elle est appliquée par brossage, avant ou après le dessin, en fonction de l’ingrédient utilisé dans la pâte de l’itome-nori. Pour fixer la préparation et éviter les bavures de couleurs, un mélange de bouillon de soja et d’empois d’algue est étalé au verso du tissu. Cette étape précède également la pose de la couleur de fond. S’ensuit la sélection puis la préparation des couleurs. Par la suite, la peinture est réalisée à l’intérieur des contours, à l’aide de pinceaux plus ou moins fins, aussi nombreux que la variété des couleurs et dont certains sont &nbsp;biseautés pour apporter des nuances. Le textile est par la suite cuit à la vapeur afin de fixer les couleurs des motifs. Si la teinture de fond reste à réaliser, les dessins sont au préalable recouverts d’une mixture de sel, de riz gluant et de son de riz puis de sciure de cyprès pour les protéger. Le tissu est cuit à la vapeur avant que les apprêts et les excès de teinture ne soient lavés dans des rivières artificielles. Il est enfin repassé et éventuellement décoré de feuilles ou de broderies d’or. Le kimono n’est pas encore cousu que plusieurs artisans qualifiés ont dû intervenir.

What about Yùzen today? As in many traditional crafts, the next generation is struggling to be assured. The instability of income and the precarious situation of the status hardly attract the young generation. How can one imagine that painting on a kimono textile, a garment worn only on rare festive occasions or by a small section of the Japanese population on a daily basis, ensures economic stability? The young craftsmen try to perpetuate the know-how of their ancestors by redoubling their imagination.

Qu’en est-il du Yùzen aujourd’hui&nbsp;? Comme dans nombre d’artisanats traditionnels, la relève peine à être assurée. L’instabilité des revenus et la situation précaire du statut n’attirent guère la jeune génération. Comment imaginer que la peinture réalisée sur un textile de kimono, vêtement porté qu’en de rares occasions festives ou par une petite tranche de la population japonaise au quotidien, assure une stabilité économique&nbsp;?&nbsp;Les jeunes artisans tentent vaille que vaille de perpétuer le savoir-faire de leurs ancêtres en redoublant d’imagination.&nbsp;

Kana Mizuno, a young Yùzen craftswoman in her early twenties, accompanies her work with initiatives to promote her art. On social networks, she publishes her activities and makes the general public aware of the challenges of transmitting traditional cultures. To do this, she shows her workshop, reveals the stages of production and expands the range of products. She "wants a bit of Japanese tradition to accompany the daily lives of [her] compatriots". She paints on card holders or fans and organises initiation workshops. Freed from any membership in a craftsmen's union, she takes the freedom to create and tries to break the shackles of tradition. While respecting the three hundred year old techniques, she incorporates her artistic sensitivity into her works and wishes to develop her own "Mizuno" trend. She is inspired by works of art from all over the world and does not hesitate to integrate a certain modernity into her works to dust off her craft. On her online site, she goes so far as to present the artisans of her discipline who, however, are competitors. "I'm not the only one in this business, many young people are doing it. According to her, the Japanese government should be concerned about the situation of craftsmen and take measures to protect her fellow students.

Kana Mizuno, jeune artisane Yùzen d’une vingtaine d’année, accompagne son travail d’initiatives visant la promotion de son art. Sur les réseaux sociaux, elle publie ses activités et sensibilise le grand public aux enjeux de la transmission des cultures traditionnelles. Pour cela, elle montre son atelier, révèle les étapes de fabrication et élargit la gamme de produits. Elle «&nbsp;souhaite qu’un peu de tradition japonaise accompagne le quotidien de [ses] compatriotes&nbsp;». Elle peint sur des porte-cartes ou des éventails et organise des ateliers d’initiation. Affranchie d’une quelconque appartenance à un syndicat d’artisans, elle prend la liberté de création et tente de casser le carcan des traditions. Tout en respectant les techniques tricentenaires, elle incorpore dans ses œuvres sa sensibilité artistique et souhaite développer son propre courant «&nbsp;Mizuno&nbsp;». Elle s’inspire d’œuvres d’art de tous horizons et n’hésite pas à intégrer une certaine modernité dans ses ouvrages pour dépoussiérer son métier. Sur son site en ligne, elle va jusqu’à présenter les artisans de sa discipline qui, pourtant, &nbsp;sont des concurrents. «&nbsp;Je ne suis pas la seule dans ce métier, beaucoup de jeunes exercent&nbsp;». Selon elle, l’Etat japonais devrait se préoccuper de la situation des artisans, connus pour leur humble discrétion, et s’engager dans des mesures qui protégeraient ses condisciples.&nbsp;

It is difficult to know how many Yùzen craftsmen are working today. The only existing statistics are those of the unions, three in the Kyoto region alone, and these only take into account the members. Kana Mizuno makes us realise that being a craftsman in the 21st century is also a militant act to defend a material ecology and the perpetuation of ancestral techniques.

Il est difficile de savoir combien d’artisans Yùzen existent aujourd’hui. Les seules statistiques accessibles sont celles des syndicats, au nombre de trois pour la seule région de Kyoto, et celles-ci ne prennent en compte que les adhérents. Kana Mizuno nous fait réaliser qu’être artisan au XXIème siècle est également un acte militant pour défendre une écologie matérielle et la perpétuation des techniques ancestrales.&nbsp;&nbsp;&nbsp;

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Artisanat tarditionnel